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La peur de vieillir

Olivia St-Pierre
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La peur de vieillir
Crédit: Olivia St-Pierre

Vingtaine, quand tu nous tiens! On nous martèle que tout se passe maintenant, qu'il faut en profiter. On peut se sentir à la fois jeune et tellement vieux. Mine de rien, nos teenage years nous invitent insidieusement à nous projeter dans le temps : à peine avons-nous acquis une certaine expérience que nous devons être autonomes et faire des choix importants en fonction de notre avenir.

Entre les études, le travail, la vie sociale et amoureuse, le temps défile à une vitesse folle. Pourtant, l’enfance et l’adolescence nous semblaient une éternité. Une drôle de peur naît au creux de notre ventre, celle de vieillir. Lorsqu’on ose en parler, certains se contentent de nous répondre : « BEN LÀ! J’aimerais ça, avoir ton âge, moi! » 
 
Tout ce qui a trait au temps qui passe me touche, puisque mon copain en est très affecté. À 25 ans, il craint de vieillir. Bien entendu, il y a l'inquiétude générale de s'affaiblir, puis ultimement de mourir, mais cette peur ne se limite pas nécessairement à l'aspect physique. 
 

 Anxiété
Crédit : Andrea/Pinterest
 

L'angoisse de la vieillesse chez lui est accompagnée d'une grande nostalgie. Chaque fois qu'on le prend en photo, il se projette nerveusement dans dix ou quinze ans, alors qu'il contemplera le cliché en se disant : « Ce moment-là ne reviendra jamais! » De façon quotidienne, sa peur se traduit par une volonté de rentabiliser son temps avec des projets de toutes sortes. 

Il évite de prévoir sa vie d'adulte : la fin des études, l'achat d'une maison et la retraite sont inconcevables pour lui. Cette vision, même si elle n'est pas forcément négative, lui donne l'impression d'un chemin tout tracé dans lequel il se voit vieillir en accéléré. 
 
Peut-être qu’une part de cette anxiété provient d’un sentiment de fatalité par rapport à toutes ces décisions qu'on doit prendre dans la vingtaine et au-delà. Fini l'insouciance : on doit choisir. Toutefois, à notre époque, nous pouvons changer d’idée plus facilement qu'autrefois. Les choses ne sont pas statiques, et il est tout à fait possible de revenir sur ses décisions.

D’ailleurs, à l’université, je vois beaucoup d’étudiants de 40, 50, voire 60 ans qui viennent se perfectionner ou qui recommencent à zéro, carrément. Ma mère termine son baccalauréat ce printemps, à 55 ans (et me tuerait si je vous montrais sa photo de finissante). Ma belle-mère, quant à elle, a choisi de refaire sa vie avec un autre homme à l'aube de la soixantaine.

D’un autre côté, notre société tend à valoriser la jeunesse éternelle et la performance. Sans vouloir me lancer dans un grand discours, je me demande si la vieillesse serait associée à l’inutilité. Pourtant, elle permet d’acquérir des expériences et d’appréhender l’existence avec plus d’assurance. Ha! Je sais, je suis tellement fleur bleue.

Le fait de vieillir comporte son lot de soucis qui me terrorisent que je redoute moi aussi. Puisque c'est inévitable (à moins de tomber sur la pierre philosophale), mieux vaut profiter pleinement des petits bonheurs qu'apporte chaque tranche d'âge. Pour une personne au naturel anxieux, c'est un gros travail sur soi. J'entends déjà la voix de mon copain me marmonner : « Facile à dire, t'sais! »

Crédit : themelodyh/Instagram
 
Ressentez-vous cette peur de vieillir? Comment se traduit-elle dans votre vie de tous les jours?

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