Dans Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, les étudiants de Poudlard apprennent à se défendre contre une créature polymorphe qui se transforme en ce qu’il craignent le plus. Genre, une araignée géante, le professeur Rogue, un Détraqueur.
En me demandant quelle forme le truc prendrait dans mon cas (ouin, je fais ça), je me suis d’abord dit que ce serait celle d’un groupe de personnes que je ne connais pas et avec qui je dois avoir des interactions sociales.
Il m’est arrivé de décliner des invitations à des partys ou à des événements pour éviter ce genre de situation. Pas parce que je suis timide. Pas (seulement) parce que je ressemble au personnage des dessins cute consacrés à l’introversion et que je me sens mieux avec des livres et des chats. Pas, non plus, parce que les autres m’ennuient ou que je n’ai pas envie de les connaître.
Parce que j’ai peur d’ennuyer les autres. Parce que, du plus loin que je me souvienne, j’ai été convaincue de ne rien avoir à apporter de significatif aux gens.
Salut, c’est moi. Je m’excuse d’être là.
Dans le fond, peut-être que la créature prendrait ma propre forme. Celle de la Moi qui, tous les jours, tape sur Moi-même.
« Wow, ton interlocuteur a un beau sourire social dans la face et vient de regarder de côté. Fais-lui une faveur et écourte la conversation, OK? »
« Pas fameux, ce qu’il y a dans le miroir, hein? Vas-y, fais ta bien-pensante, chante les louanges de l’alimentation intuitive, trouve une justification à ton aspect moyen et retourne compter tes calories en douce sans réussir à ressembler à ce que tu veux. Hypocrite. »
« T’es clairement en train d’écrire la pire thèse que tes évaluateurs vont avoir lue de leur vie. Ça te met pas mal à l’aise d’avoir atteint ton plateau intellectuel et de t’acharner quand même? »
« Regarde à quel point les étudiants s’améliorent avec tes collègues profs. Tes classes sont vraiment malchanceuses d’être tombées sur une incompétente comme toi. »
« Tu brailles? Tu penses que tes First World Problems sont assez importants pour ça? Y’a du monde qui ont des vrais problèmes, qui prennent sur eux pis qui dealent avec. T’es faible en crisse, fille. »
…
Je sais que ces mots-là sont dénués de valeur rationnelle. Ils rongent quand même.
En ce moment, je suis le seul obstacle qui m’apparaît trop grand pour que je l’affronte. Pis sacrament, ça me tanne.
Je veux savoir comment faire pour m’aimer. Je veux apprendre à croire les personnes qui le font plutôt que d’écouter trop facilement celles qui ne le font pas. Je veux arrêter de me trouver globalement moche. Je veux m’accorder assez de valeur pour défendre avec conviction mes opinions et crier « Riddikulus! » à la créature polymorphe (il fallait bien finir de filer la métaphore).
Je sais que c'est un problème qui peut se régler, qui va se régler. Je suis prête à faire des efforts, à faire confiance.
Ça, je suis certaine d'être bonne là-dedans.
Avez-vous eu à travailler sur votre estime de vous-même? Quelles méthodes avez-vous développées?