Depuis hier et jusqu'au 6 février, c'est la Semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires. Je profite donc de cette occasion pour avouer sur Internet quelque chose que très peu de mes proches savent. Quelque chose qui m’est encore difficile à avouer et dont j'ai du mal à discuter librement, sans baisser les yeux.
Je vis avec un trouble alimentaire, et ce, depuis une dizaine d'années.
J’ai une relation amour-haine avec la nourriture. Je n’ai pas gagné à la loterie du métabolisme rapide; mon corps adore se faire des réserves de graisse. Ce corps, qui me soutient depuis 24 ans, a souvent subi les revers de mon mépris pour lui : restrictions alimentaires et purges fréquentes. À l'heure actuelle, je compose toujours avec la peur de manger par crainte d’engraisser. Les conséquences de cette peur sur mon état psychologique deviennent de plus en plus lourdes à porter au fil des années.
Quand mes troubles ont commencé, je ne suis pas allée chercher de l’aide. J’étais convaincue que je ne méritais pas de manger : j’avais des bourrelets. Je ne me considérais pas comme anorexique ou boulimique, parce que j’étais en surpoids. J'avais peur que mon entourage se moque de moi.
Quand on parle de troubles alimentaires, le discours et l’imaginaire collectif nous renvoient à des images de jeunes femmes squelettiques, frêles et malades. Ainsi, beaucoup de femmes (et d’hommes) en détresse ne vont pas chercher de l'aide parce qu’ils ont peur de se faire juger si leur profil ne correspond pas aux stéréotypes associés à l'anorexie.
Si vous sentez que vous avez une relation malsaine avec la nourriture et votre état physique — que ce soit par de la privation, des vomissements provoqués, des abus de nourriture, une prise de laxatifs afin de perdre du poids, une obsession maladive des calories ou encore par de l’exercice physique excessif — que vous soyez maigres, minces, grosses, en shape, name it, vous méritez et vous avez le droit de recevoir de l'aide. Ne restez pas isolées.
Il est important d’aller chercher de l’aide dès que l'on ressent les symptômes d'un trouble alimentaire. Plus tôt ils sont identifiés, plus c'est facile d'apprendre à les gérer et tenter de les supprimer. Il n’y a pas de honte à avouer qu'on a un problème ou à agir pour mieux se sentir, pour guérir. C’est la meilleure façon d’apprendre à s’aimer.
Il est primordial, en tant que société, de s'informer réellement sur ce que sont les troubles alimentaires pour être capable de venir en aide le plus adéquatement possible à ceux et celles qui en sont atteints. Moins de jugement, plus de guérison.
Quand on sait que l’anorexie, la boulimie et les autres affections reliées aux troubles alimentaires atteignent plus de 100 000 femmes et filles au Québec, il est impératif de se demander de quelle façon nous pouvons agir pour diminuer ces statistiques. Pour faire face à ses difficultés, il faut prendre en compte que les causes qui engendrent les troubles alimentaires sont multiples.
Bien que l'on blâme d'abord la pression sociale et les modèles de beautés véhiculés et établis par l'élite de la mode, les compagnies de cosmétiques et le monde glamour des célébrités, beaucoup d’autres facteurs entrent en ligne de compte. Que la cause soit familiale, psychologique, sociale ou un amalgame de tout cas, aucune d'entre elles ne devrait être prise à la légère.
Bref, il est important de délier tous les facteurs influençant les comportements à risques des troubles alimentaires, de les comprendre et, ultimement, d’être en mesure d’intervenir lorsque nous y sommes confrontés directement ou lorsqu'un proche l'est. Il faut être à l'écoute des autres… ou de soi-même.
Si vous vous posez des questions quant aux troubles alimentaires ou si vous connaissez quelqu’un qui semble en souffrir, n’hésitez pas à aller chercher de l’aide.