« Juste une gorgée. »
« Tu es sûre que tu ne veux pas y goûter? »
« Je peux t'en faire un pas fort. »
« C'est vraiment une bonne bouteille, tu manques quelque chose. »
Je me fais dire ça au moins une fois par semaine depuis presque un an. Ça fait bientôt un an que je ne bois plus d'alcool. Aucune goutte, zéro, nada, rien. Ça fait un an que je me fais rabattre les oreilles sur ma non-consommation et sur comment ça affecte les autres. Puis je sais qu'avec les fêtes, je vais avoir droit à ce genre de remarque à profusion.
Je ne bois que de l'eau pétillante dans les bars, dans les évènements, dans les BBQ, au restaurant, chez les amis en visite, en voyage, au brunch et même dans les get together non officiels. Quand ma fine boisson n'est pas disponible, je bois de l'eau ou du jus. Je suis bien relax avec l'offre, même que bien souvent, je dois payer mes consommations d'eau comparativement à mes comparses qui s'abreuvent de free booze. Je suis celle qui fait chier les barmans dans les évènements parce que je ne prends pas les verres de vin pré-préparés.
Ce qui me dérange, c'est que ma non-consommation ne regarde que moi et ça ne devrait pas déranger les autres. Je sens souvent que les gens prennent ma sobriété comme un affront. Généralement, je ne passe pas de commentaires à ceux qui s'emportent avec la bouteille, sauf Josiane parce que je suis son chauffeur désigné et qu'elle me gosse quand elle est trop saoule. C'est ma sœur jumelle aussi, donc j'ai le droit de m'en faire pour elle, ha!
Reste que, des fois, je m'inquiète et j'en parle.
« Veux-tu un verre d'eau? »
« Penses-tu que tu as trop bu? »
« Est-ce que tu te sens bien? »
Je le fais sans jugement, quoi qu'on en pense. Je le fais parce que je m'inquiète pour les autres et que je vis souvent les conséquences, étant la seule personne sobre. Quand je dis que je vis les conséquences, ce n’est pas que j'exagère. C'est juste que les gens m'en mettent plus sur les épaules, sans trop s'en rendre compte. Ça passe d'essayer d'expliquer à quelqu'un de trop gorlot qu'il faut attacher sa ceinture dans l'auto à préciser que nous roulons bien en deçà de la limite permise à quelqu'un de trop paqueté, qui a l'impression que tout va trop vite.
Ça va, aussi, faire la vaisselle toute seule ou gérer les enfants dans un souper. Je n'en veux pas pour autant aux gens qui boivent parce que je sais que l'alcool inhibe et que les gens qui me placent dans de telles situations ne le font pas pour me faire du mal ou de la peine. C'est juste que je ressens beaucoup de pression à cause de ça. Que ce soit quand je suis en France, pays du bon vin, ou dans des soirées où le champagne coule à flots.
On me demande souvent pourquoi je ne consomme plus (c'est à cause de mes médicaments et le haut taux d'alcoolisme dans ma famille). Des fois, après les questions d'usage, les gens se mettent à remettre en question ou ils ne cessent d'essayer de me convaincre d'accepter un verre. Ç'a l'air anodin, mais à la longue, ça me blesse beaucoup de toujours avoir à me justifier.
Dans le fond, j'ai l'impression que je n'ai pas le droit de refuser de boire de l'alcool parce qu'on remet toujours mes raisons et ma décision en question. Si c'était une allergie, je suis convaincue qu'on me laisserait tranquille; je n'ai jamais vu personne essayer de convaincre quelqu'un d'allergique aux arachides de goûter à leur toast au beurre de pean'.
Bref, j'espère que mon petit plaidoyer vous fera réfléchir et aidera les gens qui décident de ne pas boire d'alcool à avoir des fêtes un peu plus zen. Parce que mon but n'est pas de vous faire la morale (sauf si vous mélangez alcool et conduite), mais bien de relever le phénomène pas super le fun que tous les gens sobres que je connais vivent au quotidien.
Qu'est-ce que vous faites quand votre entourage vous incite à faire quelque chose que vous ne voulez pas faire?