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Trop folle pour être assurable

Je souffre d'une maladie mentale, ce que vous savez déjà, parce que ça fait 3 ans que j’en parle ouvertement. J’ai reçu des commentaires de merde, mais ça ne m’a jamais empêché d'en parler ou de vivre comme les autres.
 
Parlant santé, ma résolution de 2015 était de me prendre des assurances. Je suis travailleuse autonome, ce qui m'apporte beaucoup d’avantages. Le seul problème, pour moi, c’est que je n’ai pas accès à une assurance collective. Mon chum en a, alors je suis safe du côté frais de santé. Sauf que si je meurs, avec ces assurances-là, je vaux grosso modo 1000 $.

J’aime penser que je vaux un petit peu plus que ça.
 
Je me suis donc mise à me magasiner des assurances vie il y a quelques mois, maintenant que je suis une adulte (genre) épanouie. J'ai parlé à ma conseillère à la banque. Elle a transféré mes informations à une conseillère avec qui j’ai pris un rendez-vous rapidement. Pas le temps de niaiser.
 
La conseillère est venue chez moi et m’a montré les différents plans. J’en ai trouvé un qui m’intéressait dans une bonne « fourchette de prix ». Je lui ai raconté que j’étais en dépression depuis trois ans, mais que c’était bien contrôlé. Que j’étais épaulée par une psychologue et une psychiatre. Elle m’a dit que je devais passer un examen médical, pour répondre à deux ou trois questions. J’étais d’accord parce que de toute façon, je n’avais pas eu de suivi depuis ma grossesse.
 
Une infirmière est venue et ce n’était pas le crayon le plus aiguisé de la boîte. Elle m’a charcuté la veine pour me faire une prise de sang. Elle a tellement manqué de finesse que j’ai eu un gros bleu douloureux pendant une semaine. Elle ne comprenait pas des affaires basic du genre le médecin qui m’avait prescrit mon Prozac, il y a trois ans, n’était plus la personne qui me suivait maintenant. J’ai dû répéter des informations plusieurs fois. Non, je ne fume pas la cigarette. Non, je ne bois pas d’alcool. Je suis en bonne santé, jamais malade. Je n’ai jamais eu d'intervention chirurgicale, sauf une chirurgie dentaire, etc.
 
Quelques semaines plus tard, je reçois un appel. On m'appelle pour me poser encore les mêmes questions. Ma psychiatre est difficile à joindre (bien sûr, elle est au service public). Mon ancien médecin ne répond pas non plus. Je redonne les numéros. Je réponds à toutes les questions, encore.
 
Presque deux mois passent et je reçois mon appel. Ça tombe tout de suite sur le répondeur qui est plein. La conseillère m’écrit donc un courriel pour me dire que « compte tenu de certains facteurs médicaux confidentiels, je ne suis pas assurable. » En me rassurant que je peux me réessayer dans un an.
 
Depuis, chaque fois que j’y pense, je n’arrête pas de pleurer. Statistiquement, je suis sûrement trop à risque pour être assurable. Même si je fais des efforts considérables, que je me tiens loin de tout ce qui pourrait me faire basculer, que je suis suivie par deux personnes super compétentes; non, je ne suis pas assurable. Je suis vraiment déçue de me faire tasser comme ça, pour cette raison-là. Je comprends la game, pis ça me fâche pareil.
 
J'aimerais en rire, mais non. J'en suis pas capable. Dommage, car lorsqu'on ne vaut pas une risée, on ne vaut pas grand-chose… surtout aux yeux des assureurs. 

Quoi faire, dans ce cas-là?

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