« Qu’est-ce que vous aimez du fait d’être une femme? »
C’est une fellow collaboratrice qui a lancé la question et, étrangement, j’ai été incapable d'y répondre.
Pourtant, j’aime être une femme. Dans le sens où je ne me sens pas particulièrement en conflit avec ce que je suis. J’aime mon corps et j’aime l’expérience qu’il me procure. J’aime aussi la mode, j’aime énormément me maquiller, je pleure souvent et j’aime le rose.
Mais ces choses-là ne font pas de moi une femme. Je ne suis pas une femme uniquement parce que je possède une poitrine et un vagin. Et toutes ces choses que j’aime et que je fais, n’importe qui d’un peu sensé peut comprendre que ce sont des choses que les hommes peuvent aussi bien faire ou aimer, et que ça ne fait pas d’eux des femmes pour autant.
Je m’identifie à une certaine communauté de femmes. Je m’identifie aux luttes féministes parce qu’elles revendiquent, entre autres, le droit d’échapper à la socialisation des genres et aux dictats physiques. Je tire ma force des femmes de mon entourage, parce que je partage avec elles une histoire, une résonnance dans mon vécu. Je suis une femme en société.
Mais bien que je n’aie jamais cessé de m’identifier comme femme (peut-être pour des raisons pratiques, je ne sais pas), j’ai beaucoup de misère à justifier ce qui fait de moi une femme, ou ce qui ne fait pas de moi un homme.
Plus que toute autre chose, j’ai de la misère avec le fait que si l'on n’est pas l’un, on est forcément l’autre. Bullshit.
À l’adolescence, j’ai cru être enfermée dans le mauvais corps. C’est une longue histoire, mais je n’aimais pas les femmes, et encore moins celle que j’étais. Dur de vouloir en être une quand la situation des femmes en société est si peu enviable, t’sais. Et je ne me voyais pas non plus fitter dans le moule féminin vers lequel mon milieu me poussait depuis toute petite.
Drôle de rapport avec mon corps, drôle de rapport avec moi-même. J’avais l’impression qu’un jour, je pourrais tirer sur la fermeture éclair de ma peau, sortir de mon enveloppe pesante.
Pas pour devenir un homme, mais pour devenir moi-même.
Même si je suis davantage en paix avec ce que je suis, je ressens encore aujourd’hui l’imposture de mon genre, de ce qu’il représente, de ce qu’il exclut. Pourquoi mettre les gens dans deux cases qui ne veulent rien dire?
L’appartenance au genre est vraiment différente pour chaque personne. Qu’il s’agisse de quelqu’un s’identifiant à une certaine vision de la féminité/masculinité plus traditionnelle, ou pour une personne en transition. Ma réflexion n’est pas terminée, et elle est avant tout très personnelle.
Qu’est-ce qui fait de vous ce que vous êtes?