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Matt Damon et la controverse : une histoire de diversité au cinéma et à la télé.
Crédit: Montage par Perrye-Delphine Séraphin

Dimanche dernier, le premier épisode de la quatrième saison de l’émission Project Greenlight, produite par Matt Damon et Ben Affleck, a été diffusé. Le but de cette série télé est de donner l’occasion à des cinéastes non connus de produire un film.

En toute honnêteté, je n’ai jamais regardé l’émission. En fait, je ne savais même pas qu’elle existait avant mardi passé.

Pourquoi je vous en parle, dans ce cas? Dès le lendemain de la diffusion, il y a un extrait qui circulait partout sur les Internet, montrant Matt Damon se planter complètement en essayant d’expliquer la diversité à une productrice noire. La productrice dont il est question est Effie Brown, qui a réalisé une douzaine de films, dont Dear White People et Real Women Have Curves.  
 

Awkward.
Crédit : ChoorV/ YouTube

Le contexte de cet incident : les producteurs tentaient de trouver un réalisateur pour un film intitulé, Not Another Pretty Woman, qui raconte l'histoire d'un homme blanc qui tombe amoureux avec une prostituée noire, qui a été abusé par un Caucasien. Brown expliquait pourquoi elle pensait que les meilleures personnes pour produire le film étaient deux réalisateurs de couleur.

Matt Damon l’interrompt, et c’est à ce moment-là qu’on a eu droit au parfait exemple de whitesplaining, ou plutôt de damonsplaining

Qu’est-ce que le whitesplaining? Selon Urban Dictionary : « Le whitesplaining est une explication paternaliste donnée par un Caucasien à une personne de couleur, définissant ce qui devrait ou ne devrait pas être considéré comme raciste, tout en exhibant son propre racisme inconsciemment. »

Parmi les nombreuses imbécillités que Matt Damon a dites, la phrase qui m’a marquée est celle-ci. Selon lui, le choix d’un directeur pour le film devrait être fondé sur le mérite et le talent.


Crédit : PutUincespence/ Twitter
 

J’aurais pu être d’accord avec son affirmation, si et seulement si les statistiques nous démontraient que les personnes de couleur étaient bien représentées dans le milieu cinématographique. Selon un rapport de la Media, Diversity & Social Change Initiative de l'University of Southern California, pour 700 films à gros succès du box-office de 2007 à 2014, seulement 45 avaient été réalisés par des noirs et 22 par des femmes, dont seulement 3 étaient des femmes noires. 

Faisons un petit calcul! Si nous soustrayons 67 de 700, le résultat donne 633. Au courant des 7 dernières années, 633 films à succès ont été réalisés par des hommes de race blanche, mais ça, c’est des chiffres que notre cher Matt ignorait sûrement lors de ses explications. 

En plus, les chiffres ne sont pas mieux devant la caméra, donc les propos de Matt Damon ne tiennent pas debout. Selon le Hollywood Diversity Report de l'University of California, Los Angeles, en 2013, seulement 16,7 % des films mettaient en vedette des acteurs de couleur dans les rôles principaux. 


Crédit : Giphy
 
Cette histoire nous prouve à quel point les gens ne sont pas informés sur le sujet et que nous avons encore du travail à faire avant de changer les mentalités. La diversité est aussi importante devant que derrière l’écran parce que les gens qui écrivent le script, réalisent le film et le produisent sont souvent ceux qui donnent la couleur à une production visuelle.
 

En fin de compte, si personne ne donne la chance aux personnes de couleur de montrer leur talent et leurs capacités, qui le fera? 

P.-S. – Depuis, Matt Damon a présenté ses excuses dans une déclaration peu crédible. #SorryNotSorry 

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