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So… J’ai arrêté de fumer.
Crédit: Gabrielle Lisa Collard

On jase, là : j’ai arrêté de fumer. Je vais avoir 32 ans, j’ai commencé à fumer à 12 ans et je fumais deux paquets par jour. Pis là, depuis 3 semaines, ben je ne fume plus. Et c’est pas si pire! Je tente donc de philosopher, au cas où ça aiderait quelqu’un. 

Fumer faisait vraiment partie de moi, évidemment. Je suis super anxieuse et ça a toujours été mon automédication de choix.  Mon activité préférée. Jusqu’à tant que ça ne me tente plus. 

Il n'y a pas eu de gros processus. Je suis juste devenue un peu vieille. Je toussais tout le temps, mes cheveux puaient, mon char puait, je devais toujours fumer avant et après chaque activité, et souvent au milieu, attendre avant de rentrer au centre commercial, avoir hâte que le film au cinéma finisse, faire attendre mon chum pour fumer en sortant du resto, rusher à mort quand je devais prendre l’avion – je me suis juste tannée.

Fumer ne sert à rien, j’avais mal au chest en marchant 10 mètres, ça me coûtait 500 $ par mois, ce qui est CRAY, pis je vivais dans la hantise d’avoir une vieille bouche plissée en anus comme les madames qui fument depuis des décennies. Bref, y’a pas eu de livre de psycho pop miracle, d’hypnose, de laser, de vaudou. J’ai des Nicoderm bien ordinaires et, surtout, vraiment plus le goût. 

Ça m’a pris du temps à me convaincre et j’avais vraiment peur. Finalement c’est pas si pire que ça. Je sais que je vais devoir me surveiller pour toujours, mais je suis tellement contente d’être libre que je ne suis pas trop inquiète. 

Pour ceux qui auraient envie d’arrêter, voici les deux choses qui m’aident le plus. 

En dehors de la dépendance physique et de la fixation orale, je pense qu’une grosse partie de la dépendance est due au fait qu’en fumant, on respire profondément. Riez pas; combien de fois dans une journée tu sors dehors pour respirer profondément à côté de la porte du building pendant 5 minutes? Jamais. En dehors de l’inhalation de crap chimique, y’a quand même des dizaines de breaks pour respirer et relaxer qu’on ne s’accorde plus en arrêtant. Pour quelqu’un d’anxieux, c’est vital. So, prenez-les! Prenez le temps de bien respirer.

Un truc qui m’aide beaucoup est ma haine viscérale de la cigarette. Non, je ne trouve pas que ça pue, au contraire. Je m’en fous qu’on fume autour de moi et on ne me verra jamais boucher mon nez en passant à côté de fumeurs. (Les non-fumeurs drama queen sont la chose la plus gossante au monde. Sérieusement, cessez.) Je veux dire que je la hais plutôt pour l’emprise qu’elle a sur moi.

J’avais peur de ne plus être moi-même sans fumer. De perdre une partie de ma personnalité. De perdre ma capacité à être heureuse. Pis j’ai réalisé que je m’inquiétais sérieusement de NE PLUS ÊTRE MOI-MÊME SI JE NE SUÇOTAIS PAS UN TUBE DE FEUILLES SÉCHÉES. J’ai trouvé ça grotesque, pis je hais ça me faire dire quoi faire. J’ai eu un moment « you’re not the boss of me » et j’espère vraiment que cette fois-ci c’est la bonne, parce que mon ego refuse obstinément de se laisser runner par un bâtonnet qui sent le cac'. Non mais. J’ai envie de penser que mon identité tient à plus qu’un bout de papier. 

C’était très chiant la première semaine, mais là, ça va. J’suis fascinée de voir que j’peux si aisément vivre sans faire quelque chose que je faisais CINQUANTE FOIS PAR JOUR avant. C’est fou. Je pense qu’on overthink la décision d’arrêter, vraiment. La dépendance fait mentir notre corps et notre cerveau à un point inquiétant. Elle nous fait ressentir de GROS FEELS pour notre cigarette. Alors qu’au fond, c’est vraiment juste un tube de papier qui pue, qui coûte cher, pis qui te fait tousser en fourrant. 

It’s not the boss of you. <3

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