Dans le milieu de la restauration parisienne, la gent masculine est la plus présente et la plus valorisée. C’est difficile pour une femme d’y faire sa place, ne serait-ce que comme serveuse. Généralement ce sont les garçons de café qui vous servent votre expresso ou votre bière pression.
J’ai tenté de démythifier un peu le pourquoi du comment en analysant ma propre expérience de travail à Paris.
Être serveur, c’est souvent faire des shifts d’une dizaine d’heures à courir partout. C’est demandant et c’est fatigant pour le corps. Cette vision machiste selon laquelle une femme ne peut faire autant la job qu’un homme me dégoûte. Je ne pense pas être moins bonne dans ce que je fais parce que je pèse 115 lbs.
Moi, après un shift de 14 heures.
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Je ne cacherai pas que je ne suis pas aussi forte que les gars qui travaillent avec moi. Porter dix pintes sur mon plateau est probablement plus difficile pour moi que pour eux, mais ça n'empêche pas qu’au final, la job est faite. Les pintes arrivent à bon port, sans tomber par terre, et c’est certainement plus gratifiant pour moi que pour eux qui pensent être des King Kong du service.
Ma face devant les singeries des gars.
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On privilégie aussi les hommes dans ce domaine, car apparemment ils encaissent mieux la pression du métier, ils sont moins empathiques avec les clients et moins « fleur bleue ». C’est vrai, j’ai déjà craqué, j’ai déjà pleuré à la fin d’un shift, et je n’ai aucun problème à l’assumer. Que ça devienne un critère de favoritisme pour l'emploi est en soi complètement ridicule. Tous les gars avec qui je travaille ont aussi déjà été à bout après une longue journée. Chaque personne réagit différemment à une situation fâcheuse au travail, pis si moi ça m’arrive de verser une larme d’après le service, d'autres personnes vont faire preuve d'agressivité. Personnellement, je pense que c’est pire.
Le pourboire est également un enjeu important dans la guéguerre du service. Il n'est pas rare d'entendre des niaiseries comme « Tu fais plus de tips parce que t’as des seins » ou « T’as fait beaucoup de tips parce que t’as servi une table de gars ». Il est donc inconcevable que je fasse plus de pourboire parce que le service offert était de qualité. Nenon, c'est juste pour mon 34B, la gang. #OhWell
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Travailler avec une gang de gars, ça incite à se forger un moral d’acier et surtout à savoir être indifférente à certaines remarques. Généralement, les blagues salaces viennent en bonus avec la job, genre les jokes de fellation dans le bureau et compagnie qui agrémentent vos quatorze heures de shift. Faut savoir en prendre et en laisser, et considérer que la répartie est pas mal la meilleure arme que vous possédez.
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C’est loin d’être toujours facile de travailler avec des gars dans un milieu régi par la gent masculine, mais c’est un défi que j’aime relever tous les jours et j’ai la chance d’être tombée sur une équipe le fun qui me valorise et me soutien entre deux jokes de cul.
À toutes les filles qui se trouvent dans cette situation, je vous fais un câlin virtuel. Montrez-leur que vous pouvez rocker votre job aussi bien, voire mieux qu’eux!