Je vis avec mon patron.
C’est une réalité qui choque plusieurs personnes, apparemment. Évidemment, quand je dis ça aux gens, je m’attends à voir un point d’interrogation sur leur visage. C’est une situation un peu inhabituelle qui suscite beaucoup de questionnements.
C’est extrêmement fatigant de se sentir constamment obligée de fournir des justifications sur mon choix de vie afin d’éviter des réflexions déplaisantes. Le mois avant le déménagement, j’ai eu droit à tous les commentaires possibles et imaginables. Je suis passée sous une pluie de « Tu vas devoir fourrer avec lui », « Ça fait un peu pute pareil », « Tu vas être favorisée par rapport à tes collègues », etc.
Même lorsque j’explique minimalement la situation, les gens se permettent de remettre en considération ma santé mentale pour vérifier si tous les neurones de mon cerveau connectent correctement.
J’en suis venue à la conclusion que le mot « patron » effraie. Si j’avais simplement annoncé la nouvelle comme une colocation avec un ami, les réactions auraient été autres, les jugements, absents et les propos, plus encourageants. Parce que mon ami est mon patron, je deviens la cible parfaite du slut-shaming.
Au fil des années, et surtout de cette expérience, j’ai appris à dealer avec le regard des autres. Les choix que je prends dans ma vie ne regardent que moi. Si je me plante, je veux n’en vouloir qu’à moi, et idéalement, ne même pas m’en vouloir en me disant que ça m’a aidée à grandir quelque part.
C’est bien beau de vouloir me « protéger » de cette délicate situation, de me mettre en garde contre les « risques » que ça implique. Mon entourage s’inquiète, et je comprenais avant… Mais à un moment donné, ce serait nice que les gens réalisent que j’ai une tête sur les épaules et que j’y ai réfléchi deux fois avant de sauter à pieds joints dans cette colocation. Ce serait nice que les gens de mon entourage, et aussi les autres, arrêtent de me slut-shamer parce que je vis avec un homme plus vieux de presque dix ans. Ce serait nice que les gens comprennent que j’ai un minimum de jugement et de professionnalisme et que non, je ne fourre pas pour avoir une job. C'est lourd.
Avez-vous déjà été dans ce genre de situation?