« High By The Beach » de Lana Del Rey : tu me regardes te regarder se regarder.
Anne-Isabelle PronkinaLes circonstances de la vie font que je passe beaucoup de temps sur Internet ces jours-ci. J’ai donc décidé de vous rendre ce luxe par une petite analyse du récent vidéoclip de Lana Del Rey : High By The Beach. Mais au fond, vous pouvez aussi simplement regarder le vidéoclip et ne pas lire le texte, ou le lire et ne pas regarder, ou faire les deux. Je vous souhaite vraiment d’être libres en fait.
Parce que Lana, elle, semble plutôt jouer la détenue de son propre vidéoclip. Dirigé par Jake Nava (il est derrière Shades of Cool, trop de vidéoclips de Beyoncé et des publicités de L’Oréal Paris), le « mystère » se déroule dans une maison côtière en bordure d'autoroute. Un endroit vide comme une prison, mais avec vue sur l’océan (deux étoiles et demie sur TripAdvisor).
Crédit : LanaDelReyVEVO/YouTube
Le clip est tourné en plan-séquence et les références au regard de l’autre sont évidentes et partout : les messieurs dans l’hélicoptère, la réelle caméra de Jake Nava et le symbole de la longue-vue accrochée au cou de la starlette. La fiction, la réalité et le symbole s’entremêlent agilement pour mieux tromper ou surtout parler d’un sujet très important : Lana Del Rey.
Bien que la diva ne regarde jamais l’objectif du réalisateur, on devine tout au long de cette autofiction qu'elle le connaît. Posant méticuleusement pour lui, elle contrôle le dispositif qui la gouverne pourtant.
Comme nos identités sur les réseaux sociaux, nous appréhendons constamment le regard de l’autre. Nous connaissons l’image que nous voulons partager, autant que celle qu’il ne faudrait pas. Nous voyons défiler ce que les autres préfèrent, autant que ce qu’ils ignorent.
Sur ce, si j’étais vous (je ne le suis pas, mais j’aimerais peut-être l’être des fois), je m’abonnerais à @honeymoon. Il s’agit du titre du prochain album de la chanteuse et de son nouveau compte Instagram, rempli d’images et de sagesse!