Des fois, mon cerveau retourne en secondaire deux. Jouer à être cool de façon ironique, bien sûr. Comme la fois où je me suis procuré une casquette drette l’été dernier. C’est aussi lorsque j’ai le besoin irrésistible d’avoir du swag que j’utilise le mot bitch. « Game on, bitches! »
So, je me gosse. Parce qu’en vérité, une féministe qui utilise le mot bitch, je trouve ça un peu cave.
Si bien que récemment, j’ai décidé d’utiliser mes neurones à bon escient et de me poser la réelle question. Devrais-je accorder à ma bouche féministe le droit de prononcer le b-word ou devrais-je le relayer aux oubliettes?
C’est que le mot bitch est arrivé très tôt dans ma tête de préado en quête de reconnaissance sociale. Le b-word semble être le chouchou de la culture pop moderne. Pour cause, il est le mot le plus utilisé dans l’univers du rap américain. Par contre, avec la vague arc-en-ciel du féminisme pop, ce mot commence à être remis en doute. Même Kanye West s’est questionné sur le sujet.
Crédit : genius.com
L’origine étymologique du mot donne un peu envie de vomir. Parce que bitch veut dire littéralement chienne. Au 14e siècle, il a été utilisé pour la première fois pour décrire une femme avec une forte libido. Une femme ayant de fortes envies sexuelles était vue comme dégradante et non féminine. Utiliser le terme bitch avait pour but de semer la honte dans la tête de ces femmes en les déshumanisant.
Crédit : zwarteinkt
Pour réagir au goût amer laissé par la très dégueulasse origine du mot, des Américaines ont décidé de se le réapproprier. Elles ont créé le site à douce saveur féministe bitchmedia.org. Pour elles, utiliser le b-word de façon positive redonnerait le pouvoir aux femmes et serait le sabre laser pour se battre dans la guerre intergalactique contre le patriarcat.
Pas sûre.
C’est que je trouve que le mot bitch est encore trop associé à l’oppression de la femme. Pour cet article, j’ai écouté d’une oreille attentive les paroles des chansons de rap qui ont bercé mon adolescence (lol pas lol). J’ai remarqué à quel point le mot semblait avoir son utilité d’origine : shamer la femme, la ramener à l’état d’objet. Le b-word est aussi une caractéristique nuage noir des insultes liées à la violence conjugale.
Crédit : giphy
Je crois donc que le mot bitch ne peut pas devenir synonyme d’empowering. Tout comme les mots salope et chienne ne pourront jamais l’être. L’histoire de ces mots est trop lourde pour être effacée.
Je vais donc tenter de me sentir cool et dans le vent d’une façon plus productive que par l’emploi du mot bitch.
Qu’en pensez-vous? Pour ou contre l’emploi du b-word?