« Mais dans quoi t’es-tu embarquée là? », « Tu ne sais même pas ce que tu fais », « Tu ne comprends pas la moitié de ce qui se passe ici, et c’est normal, tu es tellement épaisse », « Tu vas ENCORE prouver à tout le monde à quel point t’es nouille, tu ne peux pas juste rester dans ton coin et nuire à personne? C’est pas parce que t’es conne que tout le monde doit le savoir ».
Elle, c’est ma petite voix intérieure, celle qu’on nous dit de suivre et d’écouter, celle à qui il faut se fier. J’imagine que faire rire de soi pour des raisons nébuleuses pendant la majorité de son primaire et une grande partie de son secondaire, soit les années les plus formatrices d’un être humain, ça laisse des cicatrices prêtes à rouvrir n’importe quand. Parce que l’intimidation, ça nous affecte dans toutes les sphères de nos vies et ses conséquences apparaissent un peu n’importe où et n’importe quand.
Ceux qui sont passés par là connaissent le sentiment d’animal traqué quand tu te réfugies dans la bibliothèque sur l’heure du dîner pour attendre que la cafétéria se vide et manger tranquille pendant le dernier quart d’heure. Les livres qui te permettent de disparaître te donnent un air occupé. La méfiance quand des gens veulent être notre ami (genre, yeah right). Les écouteurs dans lesquels rugissent des chansons hardcore pour gérer le mix de colère/d'impuissance/d'humiliation. Tellement cliché, mais tellement vrai.
MAIS. Se rebâtir une estime personnelle, ça se fait. C’est difficile, c’est long, et c’est un travail constant. Et ça en vaut la peine : si je ne l’avais pas fait, je n’aurais pas occupé la moitié des emplois que j’ai eus. Je n’aurais pas pris le taureau par les cornes un million de fois dans mes milieux de stages (t'sais, ces moments où tu te lances sans avoir la MOINDRE idée de ce que tu fais! Ouin, ceux-là). Et ma vie intime aurait été tellement plate.
Crédit : Shoreline Crossfit
Je sais que l’intimidation à l’école ne sera jamais totalement enrayée. Ça a toujours existé et ça existera toujours. Oui, ça m’a endurcie en me montrant que je pouvais me gérer toute seule et que passer du temps en tête-à-tête avec mon moi-même, c’était correct. Mais la fin ne justifie pas toujours les moyens. Et des conséquences qu’on traîne encore près de 15 ans plus tard, c’est vraiment lourd.
Mes trucs pour m’en sortir? Me dire que je suis aussi bonne que les autres (t'sais, pas mal plus concret qu'un « t’es bonne », lancé dans le vide) et me challenger (« What if je faisais ça? Ça serait trop fou »).
Quels sont vos trucs pour vous crinquer la confiance? Avez-vous déjà vécu de l’intimidation?