Rima Karaki cloue le bec au cheikh Hani Al-Seba’i!

Rima Karaki est partout sur les Internets depuis quelques semaines. Pourquoi? Parce qu'elle a tout simplement tenu tête au cheikh islamiste Hani Al-Seba'i lors d'une entrevue diffusée le 2 mars dernier. 

Avant de rappeler les faits, une petite présentation s'impose. 

Rima Karaki est une journaliste, productrice, professeure universitaire et une auteure bien connue au Liban. Elle anime chaque semaine Lil Nasher, une émission d'affaires publiques, sur les ondes de Al Jadeed, une chaîne de télévision libanaise. Elle a aussi écrit le livre Tonight I Will Confess. 

Le cheikh Hani Al-Seba'i a été condamné à quinze ans de prison par un tribunal égyptien qui le soupçonnait d'appartenir au Jihad islamique égyptien. Selon les Nations unies, cette organisation serait affiliée à Al-Qaïda. Il est actuellement réfugié à Londres. 

Lors de l'entrevue, Rima a tenté de ramener à l'ordre le cheikh qui, pour répondre à une question, s'était lancé dans une longue explication historique. Cette dernière lui a alors demandé d'être plus concis dans sa réponse, puisque la durée de l'entretien était limitée. Évidemment, n'aimant pas se faire couper la parole, il lui a rétorqué de se taire et de le laisser terminer. Ce à quoi Rima a répliqué : « Dans ce studio, c’est moi qui dirige l’émission! », puis a mis fin à l'entrevue.
 

Et bam, dans les dents du cheikh! 

Cet entretien est devenu viral. Cela étant dit, Rima a une façon de faire son travail journalistique qui m'inspire grandement. Elle croit que tous ont le droit de parole, et ce, malgré leurs allégeances politiques, religieuses ou autres. Elle soutient que c'est dans le dialogue que l'on peut comprendre autrui et par le fait même l'environnement qui nous entoure. À mon humble avis, cette philosophie ou éthique de travail sied bien au métier en question tout en lui procurant une dimension plus humaine, ce qui manque cruellement ces temps-ci dans le monde des médias. C'est pour cette raison que Rima a accepté de se voiler lors de l'entrevue à la demande du cheikh : « La priorité, c’est l’information. Lorsque j’accepte de porter le foulard pour un invité, je déclare toujours en ondes que je m’y oppose, mais que je le porte pour pouvoir avoir une discussion. C’est une façon de faire un pas vers cet invité. » Tout est une question de respect, tout simplement. 

Plusieurs ont salué son courage, et ce, à travers le monde. Il faut comprendre qu'une femme qui tient tête à un islamiste en direct, c'est chose rare. En fait, son geste, en plus d'illustrer sa grande rigueur journalistique et son amour pour sa profession, redonne espoir à toutes ces femmes opprimées, toutes confessions religieuses confondues. Je crois qu'elle a réussi à inspirer le respect et à insuffler un peu de sa détermination et de sa fougue à son auditoire féminin.