Quand la crise de la vingtaine et Pauline Julien font bon ménage!

La semaine passée, j’ai eu la chance d’assister à la première médiatique de la pièce T’en souviens-tu, Pauline? d’Audrée Southière et de Mathilde Addy-Laird au Studio Espace Libre. C’était la première fois que j’allais à ce genre d’événement – imaginez mon stress de choisir le bon ensemble! 

T’en souviens-tu, Pauline? est une pièce intimiste et minimaliste. Audrée, la protagoniste, vit une crise existentielle. C’est la twentysomething qui se remet en question, qui attend quelque chose. Elle ne sait pas quoi, mais elle attend quelque chose de grand, elle attend que quelque chose arrive.
Pauline, c’est Pauline Julien, artiste, comédienne, auteure, chanteuse, militante oubliée par la génération Y selon l’auteure de la pièce, Audrée Southière. Pauline Julien représente une figure historique dans la pièce. Elle est le symbole du grand rendez-vous manqué du Québec avec son histoire.
 

T’en souviens-tu, Pauline? est aussi une pièce du fossé – fossé entre notre génération et celle de nos parents. Fossé entre les rêves de Pauline Julien, le nationalisme et le féminisme, et notre réalité d’austérité et de conservatisme fédéral. J’ai eu l’impression, en voyant cette pièce, que le Québec était comme une belle, grande fille de la génération Y, comme Audrée ou comme vous, lectrices. Une fille dont la technologie fait partie du quotidien, où les textos rythment sa vie sociale. Surtout une vie sociale où les amitiés s’effilochent au rythme des textos.

Une fille qui ne connaît pas grand-chose des figures marquantes féminines de la Révolution tranquille. Oui, Gaston Miron, oui René Lévesque, mais Pauline qui? Une fille intelligente et pleine de potentiel qui rêve de grands projets, de grandes réalisations, mais qui se retrouve dans un petit appart miteux pour économiser de l’argent. Une fille qui n’arrive pas à communiquer avec sa mère, parce que Louise ou Sylvie ou Ginette ne comprennent pas ce à quoi elle aspire, elle, la jeune femme du XIX^e siècle. 
 

Le Québec d’aujourd’hui, c’est peut-être un peu ça aussi. C'est cette fille comme vous et moi. On coupe partout pour économiser de l’argent, mais on va se retrouver dans une province sans service. La jeunesse descend dans les rues alors que leurs parents baby-boomers chialent dans leur manoir de Candiac. Le Québec contemporain a oublié les combats et les mots de Pauline Julien parce qu’on a atteint une soi-disant égalité des sexes. On a omis une grande artiste, un joyau québécois, des grands noms de notre histoire. Deviendrons-nous ce peuple sans histoire ni littérature?

Si vous ne connaissez pas cette artiste féministe et engagée, allez vous plonger dans son univers, dans ses mots et dans ses images, dans ses rêves et dans ses folies. Le texte d’Audrée Southière, bien que funné et coloré, ne peut qu’aspirer aux espérances et aux octobres de Pauline Julien.
 

 
T’en souviens-tu, Pauline? présentée du 26 mars au 4 avril dans le Studio Espace Libre.