Chère Roosa,
Je t’écris cette lettre, car j’ai quelque chose à te raconter:
C’était un mercredi soir sur la ligne orange. Je rentrais du boulot après une longue journée.
C’était une journée comme ça, tu sais? Une journée où tout ce que je pouvais remarquer, c’était mon mascara qui m’avait lâchée. Mes bas qui avaient filé. Ma repousse, trop longtemps négligée. Ce bouton rouge qui n’en finissait plus de pousser.
C’était une journée où le beau qui était en moi n’avait pas de place pour respirer.
Pendant que j'observais mes cernes dans la vitre du métro, j’ai entendu une voix familière dans mon dos. Et senti un parfum. Un parfum de belle femme assumée. Comme dans les annonces à la TV.
En observant plus attentivement le reflet que me renvoyait la surface vitrée, je t’ai reconnue, toi, qui parlais avec une amie de façon animée. Maquillée, super bien lookée. Manifestement en route pour une soirée.
Je t’ai reconnue, toi, Roosa. Et je ne me suis même pas retournée pour te saluer.
J’ai préféré me cacher. Dans ma tuque, dans mon foulard, dans mon col, dans mon livre, dans mon trou. Je te jure : je serais rentrée à l’intérieur de moi si j’avais pu!
Confrontée à mes propres insécurités, je n’ai pas été capable de recevoir ta beauté.
Pourtant, tu le sais comme moi : les filles de TPL, on se fait tellement de confidences derrière nos claviers! On se met à nu. On se montre nos flaws. Ceux du dehors comme du dedans. Parce que ça fait tellement de bien. Parce qu’on est là l’une pour l’autre. Parce qu’entre nous, on ne se juge pas (ou si peu!).
Pourtant, en ce mercredi de novembre, sur la ligne orange de la vraie vie, entre mes cernes et ton parfum, les choses ne semblaient pas aussi faciles.
Depuis, il y en a eu d’autres, des journées comme ça. Et certaines, je te rassure, où, de ma repousse, j'en avais vraiment rien à crisser.
Il s’est aussi passé des choses qui m’ont fait réfléchir. Et qui m’ont donné envie de t'écrire.
Je sais que tu me pardonneras ce que je te confie aujourd’hui. Je le sais, car je comprends maintenant que toi aussi, tu en as vécu des journées comme ça. Qu’on en vit toutes des journées comme ça. Petites et grandes. Grosses ou minces. Blondes ou brunettes. Vieilles ou jeunes. En talons Manolos ou en bottes Sorel. À Rouyn comme à Mirabel. Et que notre seule chance de donner au beau sa place pour respirer, c’est de lui défricher, ensemble, un endroit où il peut se déployer.
Parce que ça fait tellement de bien. Parce qu’on est là l’une pour l’autre. Parce qu’entre nous, on ne se juge pas (ou si peu!).
Aujourd’hui, ma belle Roosa, je me tourne donc vers toi. Et je te serre longuement dans mes bras.
Andréanne xoxox