Il y a 25 ans, Polytechnique.

J’avais 8 ans lorsque s’est produite la tragédie de Polytechnique. C’est flou dans mes souvenirs comment je l’ai appris à ce moment-là.

Crédit : La Presse via Radio-Canada

Ce n’est que bien des années plus tard, en regardant un reportage soulignant l’anniversaire du drame, que j’en ai pleinement saisi l’ampleur. À cette époque, j’étais moi-même à l’université. Auparavant, l'événement m'avait toujours semblé un peu lointain, malgré sa proximité. Soudainement, ce 6 décembre du début des années 2000, cette distance avait disparue. Je me mettais à la place des victimes. Elles avaient mon âge, étudiaient dans la même ville que moi. Elles étaient en fin de session comme moi. Elles étaient ambitieuses, avaient la tête pleine de projets. Elles avaient la vie devant elles jusqu’à ce qu’un homme qui déteste les femmes a décidé de mettre fin à leur jour. Juste parce qu’elles étaient des femmes.

Je pense que c’est à ce moment-là, quand j’ai réalisé tout ça, que j’ai commencé à me définir comme féministe.

On en parle beaucoup cette année parce que c’est le 25e anniversaire. Je crois aussi qu’on n’a peut-être jamais été aussi sensibilisé aux agressions envers les femmes qu'en ce moment, avec la vague d’agressions non dénoncées des dernières semaines. J'ai toujours cru qu'on avait collectivement réalisé la misogynie du geste du tueur. Quand l’actuel ministre fédéral de la Justice affirme qu’on ne pourra jamais comprendre ce qui s’est passé, pourquoi ces femmes ont été ciblées, j'avoue que ça me dépasse.

La tragédie avait au moins permis de sensibiliser les autorités à exercer un meilleur contrôle des armes à feu. Malheureusement, il n'en reste plus grand-chose.

Cette année, comme chaque année depuis que le drame de Polytechnique m’a frappée en plein cœur, je vais avoir une pensée pour les 14 victimes.
 

Je vais aussi avoir une pensée pour leurs familles, pour les blessés et pour celles et ceux qui n'ont pas été capables de continuer de vivre avec la douleur de ce 6 décembre 1989.