Jeremie est rendu trop beige pour sortir et c’est peut-être pas un problème.
Jeremie Romain
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Même si ça fait des années que j’ai arrêté de sortir tous les week-ends, chaque samedi à minuit, comme par magie, j’ai le même feeling, les mêmes petites palpitations. La petite voix en moi qui se demande qu’est-ce que j’suis en train de manquer en étant écrasé sur mon divan en sweatpants devant un film de Liz Taylor.
Qu’est-ce qui est en train de se passer dans les bars de la métropole pendant que je ne suis pas là?
Des gens saouls morts? De la musique poche? Des planchers collants? Des drinks overpriced? Des files d’attente pour entrer? Des files d’attente aux coat checks? Des bouncers de mauvaise humeur? Des étampes qui durent 3 semaines? Des shows de lumières dignes du vidéo de Waiting For Tonight? Est-ce que c’est possible de s’ennuyer de tout ça?
J’aurais tendance à dire que non. Alors pourquoi est-ce que j’me sens comme ça tous les week-ends? J’ai pourtant vécu toutes ces choses-là à maintes reprises. J’ai assez donné, comme dirait ma grand-mère. C’est donc pas une question de n’avoir pas fait le plein, de ne pas en avoir profité au maximum. Dieu sait que mes anciens albums Facebook le prouvent.
Quand est-ce que tout a commencé à me gosser dans les bars? Quand est-ce que je suis devenu VIEUX et BEIGE?
Vu que c’est mon anniversaire cette semaine, je pense à toutes ces choses-là. Je ne vous dévoilerai pas mon âge, mais mettons que c’est plus proche de 30 ans que de 20 ans. Est-ce que c’est à cause de ça? Une conséquence naturelle du vieillissement et du beigissement?
Est-ce qu’il y a beigissement sans vieillissement?
Ce qui m’amène à la question piège : pourquoi les gens sortent?
Est-ce que c’est pour rencontrer le prince charmant? J’en doute. Avec Tinder, plus besoin de se déplacer pour rencontrer du monde. Tout le monde est là-dessus. Ce n’est plus comme dans les années 1990 quand il n’y avait que des prédateurs et des creeps sur Internet. C’est presque rendu tabou d’approcher quelqu’un dans un bar, les gens te regardent croche. C’est plus commun de recevoir un message du genre « Hey salut, je t’ai vu au Velvet hier soir, t’es pas mal cute! » que de se faire approcher en personne.
Est-ce possible que les gens sortent encore pour danser? Je dois avoir manqué un cours à l’université parce que j’ai aucune crisse d’idée comment danser sur une toune de David Guetta. Ça marche comment? Faut juste sauter genre? Où est le fun là-dedans? Dans mon temps, on pouvait bouger nos hanches, taper du pied, faire des moves de bras pis groover. D’après ce que j’ai observé la dernière fois qu’on m’a traîné dans un club pour l’anniversaire d’un ami, ce n’est plus comme ça que ça se passe. J’ai passé la soirée à sautiller awkwardement en regardant les gens comme s’ils venaient d’une autre planète. Jusqu’à ce que le DJ ait la brillante idée de jouer Get Busy de Sean Paul. J’en ai déchiré mes skinny jeans tellement j’étais excité d’avoir un beat dansable.
Serait-ce l’alcool? Est-ce que c’est assez pour se faire un petit look pis sortir en boîte? Le fait de boire/se saouler avec des drinks overpriced et underalcoolisés? Me semble que si je veux brosser avec mes amis, je vais les inviter chez moi avec une grosse bouteille de vin blanc. Pis on va pouvoir se parler et s’entendre! Peut-être que c’est juste moi, mais si j’suis dans un endroit où il faut que je fasse un effort pour qu’on comprenne ce que je dis, je vais avoir tendance à ne pas parler. Mes amis, je les aime et j’veux leur jaser, on ne se voit pas assez souvent pour aller s’ignorer dans un bar trop loud!
Crédit photo : Jeremie Romain
Le networking vous dites? J’connais absolument personne qui à trouvé une job sur le dance floor du Datcha ou bien dans les toilettes du Rachel Rachel. Peut-être que mes amis et moi sommes juste poches en small talk et en mingling, mais je soupçonne le networking dans les 5 à 7 d’être pas mal surestimé.
Finalement, après cette petite réflexion, il ne semble pas avoir grand-chose de positif ni d'enviable dans le fait de sortir tous les week-ends. J’peux avoir ben plus de fun à passer la soirée chez moi en bobettes avec mon chien à faire rire les filles de TPL sur Facebook pendant le gala de l’Adisq.
En vieillissant et en devenant beige, je pense qu’une des leçons les plus importantes qu’on apprend, c’est que c’est nous-mêmes qui contrôlons notre propre fun. Faut pas dépendre sur d’autres gens, d’autres lieux, d’autres niaiseries pour nous faire plaisir. Ça ne prend pas des feux d’artifices pour s’éclater, HA!
