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Jeux vidéo, port d’armes et Anita Sarkeesian.

La vidéoblogueuse Anita Sarkeesian est connue pour ses propos féministes et ses capsules Tropes vs Woman in videogames où elle critique la représentation des femmes dans l'univers fermé et très macho des jeux vidéo. Spécialiste et influente, Anita dérange par ses analyses poussées, ses argumentaires détaillés et ses idées. 

Mercredi dernier, Anita Sarkeesian s'est vue dans l'obligation d'annuler sa conférence à l'université de l'Utah puisqu'elle a été l'objet de menaces de mort. En effet, un étudiant a envoyé plusieurs courriels à elle, mais aussi aux membres de la direction de l'université où il était clairement question de ses intentions meurtrières :  

« […] la plus grande tuerie dans une école de l'histoire américaine. Nous vivons dans une nation de trouillards émasculés trop effrayés pour mettre au défi les viles harpies féministes qui cherchent à nous détruire. Le féminisme s'est emparé de chaque aspect de notre société, et les femmes comme Sarkeesian veulent nous punir de ne serait-ce qu'avoir l'idée d'être des hommes. C'est pourquoi j'ai choisi de la viser elle la plus grande tuerie dans une école de l'histoire américaine ».

Malgré l'implication de la police et du FBI, Anita a décidé d'annuler sa visite. Par peur? Oui, mais surtout parce que l'état de l'Utah autorise le port d'arme all day everyday dans les endroits publics. Il était donc impossible de fouiller les participants et de confisquer toutes les armes trouvées. 

Il n'en fallut pas plus pour que Twitter s'enflamme, et ce, avec raison. Si les menaces de mort ont été unanimement condamnées par les internautes, l'analyse sociale qu'a faite Anita de l'évènement a été vivement critiquée par la communauté gamergate

Crédit photo : Le monde.fr

Le gamergate est un mouvement en ligne qui a pour mission la défense des intérêts des joueurs de jeux vidéo. Les féministes accusent le groupe d'être en fait une communauté composée de misogynes aux idées réactionnaires et rétrogrades. De l'autre côté, les membres du gamergate croient que leur groupe est légitime et que les critiques négatives à leur égard ne sont pas fondées.

Ceci étant dit, reste que toute cette histoire me donne des frissons. Je sais, les États-Unis sont reconnus pour leurs politiques douteuses en matière du port d'arme et autres situations connexes, mais reste que le récit d'Anita vient d'illustrer la parfaite imbécillité et inefficacité de cette loi en temps de crise. 

Deuxièmement, qu'Anita soit allée trop loin dans sa petite interprétation sur Twitter de l'évènement en faisant un parallèle entre les menaces qu'elle a reçues et les gamergate, est une chose, qu'elle soit l'objet de cette menace en est une autre. On ne peut pas nier le fait qu'en 2014, il est complètement insensé qu'une femme reçoive des messages haineux seulement parce qu'elle se porte à la défense des femmes et tente de dénoncer un phénomène néfaste.

Ne pas condamner ce geste revient à y consentir. Ne pas avoir pris les précautions nécessaires pour assurer la sécurité d'Anita et des participants à la conférence n'aide en rien la cause des femmes, ni à enrayer ce genre de violence faite à notre égard.

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