Depuis 2009, mon opinion de Xavier Dolan est similaire à celle que j’ai toujours eue de Woody Allen : j’adore les films de ces deux réalisateurs… à partir du moment où ils ne jouent pas dedans.
J’ai tué ma mère avait commencé en force la carrière de Xavier Dolan (même si j’ai toujours trouvé que ça faisait « film de cégep », mais il faut dire que j’étais moi-même au cégep à l’époque). J’avais trouvé magnifique Les Amours Imaginaires malgré les longueurs et l’accent un peu étrange/emprunté/on-pourrâit-emprunter-le-vieeeux-bâzou-à-Jay-Pi de Niels Schneider. Laurence Anyways m’avait laissée tiède ; propos pas dépourvu d’intérêt, mais produit fini trop long, avec trop de personnages. Et puis, voyant que Dolan lui-même jouait dans Tom à la ferme, je ne l’ai pas encore vu à ce jour. Mea culpa. J’ai toutefois insisté pour voir Mommy dès sa sortie en salle, ce vendredi 19 septembre.
Mommy. Oh, Mommy.
Crédits photo : Les Films Séville/Facebook
Du début à la fin, je suis passée par une impressionnante gamme d’émotions. En
2 h 14, j’ai été tour à tour étourdie, éblouie, aveuglée par la rage, attendrie, surprise, apaisée, terrifiée…
Le propos du film est, d’entrée de jeu, troublant : un Canada où une nouvelle loi passe en 2015… Loi qui permettrait à des parents à bout de remettre le sort de leur enfant à problèmes (comprendre ici troubles comportementaux et/ou mentaux) entre les mains de l’État, de façon totale et (implicitement) définitive.
Crédits photo : Les Films Séville/Facebook
Diane « Die » Després, rôle dans lequel brille Anne Dorval, se retrouve avec la garde de son fils Steve (Antoine Olivier Pilon, d’une rare violence et d’une beauté et justesse à couper le souffle). On le dit TDAH, mais l’adolescent se fait souvent violence. C’est d’ailleurs pour avoir brutalisé et blessé un autre patient de l’institution où il a été placé que ce Steve aux traits angéliques se retrouve chez sa Mommy veuve, à Saint-Hubert.
Crédit photo : Les Films Séville – Mommy
À la suite d’une crise de colère violente qui dégénère, le duo mère-fils rencontre la voisine d’en face, Kyla (Suzanne Clément, lumineuse, mon réel coup de cœur du long-métrage). Cette femme, elle aussi mère de famille et enseignante en sabbatique, doit dealer avec des problèmes dont Xavier Dolan ne révèle pas l’exacte nature. Ça vous agacera ou pas, à vous de décider. Et le duo deviendra rapidement un trio rempli de promesses. Et d’espoir.
L’abus verbal et physique entre les personnages s’atténue et s’intensifie comme si quelqu’un jouait avec le volume d’une radio. Le format d’image (aspect ratio), jusqu’ici en 1:1, s’élargit en même temps que les horizons des trois « âmes brisées ». Et sera fluctuant comme l’humeur de Steve jusqu’à la dernière minute du film, lorsque l’envolée de violons du début d’une chanson très connue de Lana Del Rey se fera entendre.
Verdict? Je suis sortie de la salle, marquée par l’histoire et impressionnée par le jeu des acteurs… Et je vous avoue, si bouleversée que j’ai le cœur brisé.
Mommy, de Xavier Dolan. Maintenant à l’affiche.