Il y a des acteurs qui sont tellement talentueux qu'on en vient à ne plus distinguer la personne personnalité publique du personnage. Par exemple, c'est le cas d'Emma Watson (JE NE DÉCROCHERAI JAMAIS), qui nous paraît aussi allumée qu'Hermione, et de Johnny Depp, qui a l'air aussi loufoque IRL que… pas mal tous ses rôles.
Avouons donc d'emblée que Leighton Meester, interprète de l'illustre Upper East Sider Blair Waldorf dans Gossip Girl, a tellement incarné son rôle jusqu'au bout des petites mains parfaitement manucurées qu'on en vient INÉVITABLEMENT à la considérer comme étant aussi superficielle et manipulatrice que le personnage (ou c'est juste moi?).
Mettons quelque chose au clair dès maintenant : c'est loin d'être le cas. En fait, si Leighton Meester et Blair Waldorf ont des points en commun, ce serait plutôt une intelligence remarquable et un sens de l'observation pointu. Mets ça dans ta pipe, jugement facile. Ha!
Pourquoi je vous raconte tout ça? Parce que Leighton Meester vient de publier un billet très intéressant sur le Huffington Post américain en lien avec son rôle du moment (elle joue aux côtés du bel humide James Franco dans l'adaptation théâtrale sur Broadway du célèbre roman de John Steinbeck, Of Mice and Men).
Dans le billet, elle traite de la mysoginie dont est victime le personnage qu'elle incarne, soit la femme de Curley. Meester s'étonne du fait que la haine dirigée envers son rôle ne provienne pas seulement des personnages de la pièce, mais aussi du public : en effet, si on s'exclame d'horreur lorsque le vieux chien de Candy est abattu, on échappe plutôt des RIRES quand c'est au tour de la femme de Curley d'y passer (what?).
L'actrice avance aussi que l'intention de Steinbeck, en inventant le personnage de la femme de Curley, était de soulever un certain questionnement féministe. En effet, l'auteur aurait précisé dans une lettre destinée à la première interprète du rôle que le physique attrayant du personnage est l'unique raison qui lui attire la haine des hommes autour d'elle. Sa beauté est donc perçue comme étant une menace et une invitation à la perversion.
Toujours selon Leighton Meester, ce type de sexisme est encore tristement actuel. En réponse à une critique ignorante et déplacée qui trouvait que l'actrice déresponsabilisait la femme de Curley de son sort, elle précise dans le billet qu'aucune femme victime de violence, sexuelle ou non, ne l'a/l'aura jamais « cherché ».
Crédit : Tulpa.info
Je vous invite fortement à lire le texte en entier. Je trouve que le billet de Leighton Meester fait réfléchir quant aux motifs qui poussent les gens (dans la pièce de théâtre, dans le public ET dans la vraie vie) à culpabiliser et à démoniser les femmes au physique attrayant.
C'est aussi le fun de lire un papier rédigé par une célébrité qui est réfléchi et articulé, plutôt que de tomber sur des déclarations féministes lancées à la va-vite dans une entrevue pour un magazine juste parce que… c'est trendy ces temps-ci. BRAVO LEIGHTON!