Hier, je vous avais dit que je laisserais tomber mon côté sentimental, mais JE MENTAIS. HA! Cette fois-ci, j’ai envie de me vider le coeur sur ce sujet depuis un petit bout et puisque je n’ai pas de psy, c’est vers vous que je me tourne… Just kidding. C’est surtout pour solliciter votre opinion et avoir une discussion avec vous, lecteurs en sucre.
(D’ailleurs, pas la peine d’essayer de chercher LA FAILLE CONTRADICTOIRE dans mes propos. Ça vaut pas la peine, j’suis même pas en train d’essayer de vous convaincre.)
Ces temps-ci, je remarque un abus du mot CUTE dans la blogosphère féminine. On parle de vêtements cutes, de cheveux cutes, de makeup rose cute, de sandwichs cutes, de drinks sucrés avec des fruits qui sont cutes. On mange du quinoa parce que c’est cute, on reste dans les sujets girly, on aime le Kombucha lorsqu’il vient avec un bel emballage cute. On aime la dentelle, c’est cute. Tout est plein de CUTENESS.
Cute est un adjectif plutôt commun sur le web. On l’utilise ici, même si j’essaie de lui couper l’herbe sous le pied. Reste que je sens une omniprésence, une espèce de « façon d’être ». Le lifestyle du cute.
Pour moi, c’est un peu comme si, lorsqu’on est une femme et qu'on a en bas de 35 ans, hors du cuteness, point de salut. C’est peut-être moi qui n’ai pas des horizons assez élargis, mais il me semble que le « phénomène » est assez commun dans la blogosphère de mode/de lifestyle (exemple : les filles de A Beautiful Mess, super créatives mais toujours CUUUUTE). Autre pièce à conviction : Pinterest au complet.
Et je sais pas pour vous, mais I call bullshit on this one. Estie que ça m’énerve. Fuck fuck fuck FUCK. Je ne peux pas m’empêcher de trouver ça réducteur et je vais tenter de vous expliquer pourquoi :
Être cute, c’est comme si c'était la seule façon d'être féminine. En fait, c’est probablement comme ça depuis forever, mais en 2013 le constraste frôle l’iréel. On doit être des working woman cutes. Faut avoir l’ambition… de faire des cupcakes sans gluten! Je suis POUR le fait que les filles d’aujourd’hui puissent être hyper girly et ceinture noire de karaté, mais je ne pense pas que c’est sain lorsqu’on essaie surtout de se définir par le cute. Ça fait « sois belle et tais-toi ». Pis il arrive quoi aux filles qui sont pas trop cutes? Celles qui ont pas envie d’être cutes? Aux filles qui ont la carrure de PK Subban pis qui n’aiment pas le motif floral? Elles se reconnaissent où? Elles sont moins des filles que les autres? Certains diront que c’est un non-débat, genre « elles ont juste à lire autre chose », et je vous répondrai que toute cette réflexion est arrivée à moi par les mots d’une amie un peu buff qui aime être féminine, mais qui ne se retrouve pas dans le discours du cute. Et JE NE SUIS PAS UNE EXPERTE, mais si on a une once de respect pour les luttes féministes (et une conscience de la fragilité du statut de la femme), on ne souhaite pas prôner une image de la femme qui n'est que full cutie.
Être cute, ça nous met de la pression. Ça rend tabou des comportements que les femmes ont, elles aussi. Je veux dire, cute un jour, cute toujours?! Cute 24/7, 365 jours par année. Fait que, t’es mieux d’être cute en estie quand tu vomis ton tartare de poisson pis ta bouteille de champagne après avoir fait des shots avec Alex Perron et avoir enlevé ton t-shirt sur le dancefloor du Apollon (pas que j’aie fait ça, ever). Si être plaisante est votre qualité # 1, ça enlève tout un range d’émotions qui deviennent, genre, pas normales à vivre. Ça aussi, c'est réducteur.
Au fond, j’ai l’impression de répéter ce que les femmes avant moi disaient il y a plus de 50 ans. Je suis un peu perdue dans ma sociologie/histoire des luttes féministes, alors ne m’en voulez pas si je mélange 2-3 affaires. C’est juste que ça me met en sacrament et je mijote ça en moi depuis un bout. C’est comme une plaie PUSTULANTE qui DÉMANGE, c’est crissement pas cute. Reste qu'il y a quelque chose dans tout ça qui me pue au nez. Pas vous?
Par-dessus tout, je revendique le droit de : sacrer, fumer des fois, boire mal, boire la nuit, boire seule, pas raser mes jambes tout le temps, pas faire semblant que je suis pas frustrée quand je le suis, ne pas m’intéresser à la nourriture santé comme prétexte pour contrôler mon poids, suer, manger des poutines au smoked meat, me crisser du Great Gatsby et trouver certains bébés vraiment laids. Juste certains.