Entre les filles trop motivées et celles qui détestent la grossesse, moi, j’ai une grossesse grise!
Josiane StratisSi l’année dernière, j’ai fait un gros move en affirmant que j’étais beige et que je me crissais pas mal de sortir, cette année, je vous révèle qu'être en cloque me donne juste l’envie de dire haut et fort que j’ai une grossesse grise.
Comme dans la toune : « C’est la grossesse grise qui a pondu dans l’église. » Ou pas! *Note à moi-même : revoir mes jokes.*
Mettons quelque chose au clair : je suis vraiment contente d’être enceinte. Vraiment. Donner naissance à un humain sera certainement le plus grand accomplissement de ma vie. Du haut de mes presque 27 ans, je n’ai jamais senti d'aussi belle émotion que l'envie de voir ce petit être-là grandir et devenir quelqu’un.
C’est juste que je trouve qu’on met de la pression sur les femmes enceintes. De la pression qui nous fait sentir obligée d'être overexcited à chaque jour de la grossesse, pis j’embarque pas là-dedans.
Je suis fondamentalement chill, comme vous pouvez le voir sur cette photo de couverture. Ça part de loin : je suis sortie du ventre de ma mère 12 minutes après Carolane. Pour des jumelles, c’est énorme. Je m’identifie au Pokémon Slowpoke et si je devais être dans une maison d'Harry Potter, je serais dans les Hufflepuff.
J'ai pas envie de porter un chandail écrit « bébé à bord ».
Ma grossesse se passe bien. Je sais que je suis chanceuse, donc je me ferme un peu la gueule là-dessus. Pas de vomi, pas de sentiment bizarre. Juste une tralée de pets et l’impression que je fais autant de bruit que Winston, mon bulldog anglais. Et je ne dors plus, mais ça c’est correct parce que je suis travailleuse autonome et que je fais pas mal mon propre horaire.
J'ai pas encore décoré la chambre, le stock de mon bébé est pas encore acheté. J'irai sûrement pas main dans la main avec mon chum au Salon Maternité Paternité Enfants, en fin de semaine. On n'a même pas décidé qui allait être le parrain du bébé… Ni même son nom. Je regarde ça et à 26 semaines, j’ai pas le goût de me presser encore. J’ai pas trouvé la douillette non plus. Et c'est ben correct!
Je sais qu’avant l’arrivée de mon petit dude, je vais avoir fini tout ça. C'est juste que je veux continuer de prendre ça chill.
J’ai la vie qui pousse en moi. C’est vraiment beau pis toute. Mais… Y'a tellement de trucs qui gossent quand tu es enceinte.
Comme le regard des autres, les jugements de : « Tu fais ÇA enceinte? J’ai entendu dire que c’était pas bon. » Les gens qui se mêlent pas de leurs affaires. Les personnes qui ne me parlent plus parce que je suis en cloque – oui oui, ça arrive! Le monde que ça écoeure de voir que mon corps change.
Ça met de l’ombre au tableau.
Je suis incapable de dire que c’est foumalade, être enceinte. Dans ma tête, c’est juste relaxe. Pas tout blanc, pas tout noir. En gros, j’ai mal aux pieds, mon corps change tout le temps et c’est bizarre. Je ne me déplace plus comme avant. Je pisse 2-3 fois par nuit. C’est pas siiii cool. C’est pas siiiii pire non plus.
C’est juste gris. Je traverse pas mal les 50 nuances – sans joke de sexe hardcore, parce que je ne parlerais ben jamais de ma sexualité sur mon blogue. Des fois, je trouve ça vraiment awesome (comme quand mon copain a senti le bébé pour la première fois) et d’autres fois, vraiment pas (comme quand j’ai envie de pleurer parce que je veux me faire un milkshake et qu’il n'y a plus de lait).
J’ajouterais aussi, dans les choses que j’aime : me faire dire « Bravo! Tu as engraissé! » Je crois pas que ça va arriver souvent dans ma vie.
Est-ce que je suis la seule à vivre ça comme ça? À pas être gaga, juste normale. Juste grise. Ou beige? Est-ce que c'est une passe dans la grossesse? Est-ce que je suis juste blasée de la vie?