Une blogueuse dit avoir eu une affaire avec Marc Jacobs et puis là, il lui vole tout son steez. Wait, what?
Marie-Hélène GouletPremièrement, petite parenthèse : cette fille-là a fort probablement un genre de problème mental. Évidemment, je ne suis PAS psychiatre, mais disons que l'histoire que vous allez lire frôle un peu les limites de la paranoïa et d'un amour du complot somewhat psychotique. Et c'est un peu triste à voir, et ce serait pas correct de s'en moquer. Ceci dit, ça nous donnera une leçon sur la mode.
En lisant sur la nouvelle publicité de Coca-Cola Diet, mettant en vedette Marc Jacobs – le nouveau directeur créatif de la marque (lol?), je suis tombée sur des commentaires étranges. Quelqu'un avancait que Jacobs a volé toutes ses idées à une certaine blogueuse et mannequin, Angel Barta.
(Faut dire, je mets 5 $ sur le fait que les commentaires étaient écrits par Barta elle-même, mais bon, passons.)
De là, on m'a mené à un blogue/journal intime écrit par la « créatrice » elle-même. Mind blown, j'y ai perdu toute ma soirée. Barta raconte son histoire d'amour secrète avec le designer et sa descente aux enfers : après lui avoir promis la gloire, l'amour et une carrière de mannequin, Jacobs lui aurait volé tous ses designs et lui aurait barré toutes les portes dans le monde de la mode (qu'il contrôlerait comme une espèce de parrain mafieux, genre).
Le tout est accompagné de photos des collections dessinées par Jacobs et de ses éditoriaux mode en opposition avec les « créations » de Barta.
Dit comme ça, ça se tient semi debout. Ce n'est pas la première fois qu'on entendrait parler des rumeurs de plagiat et/ou de muse extraordinaire dans la mode. Mais l'histoire dérape en estie. Je vous ai préparé une petite liste :
– Jacobs est homosexuel ET s'affiche publiquement en couple. En couple gay. Très gay.
– Il y a aucun site web/journal/etc. qui corrobore l'histoire d'Angel Barta. En fait, elle est sa seule source. Marc Jacobs aurait effectivement rencontré Barta à New York, mais d'une façon beaucoup moins prestigieuse, comme écrit dans cet article du New Yorker.
– Chacun de ses textes tombe dans une paranoïa douteuse et sent la théorie du complot cheap. Jacobs aurait moussé la carrière de mannequins hongrois simplement pour briser ton coeur? Really? Tu as inventé les vêtements lignés, tels que vu chez Jacobs récemment. REALLY?
– Aussi créatif qu'un individu peut l'être, il me semble difficile de dire qu'on a inventé des choses comme poser devant Versailles en robe, poser devant un arbre en fleurs, mettre des pivoines dans une sacoche et/ou déposer sa tête sur sa main gauche et sourire à la caméra. Comme ici :
Et voilà le point qui me semble le plus intéressant : par son histoire un peu folle (sorry), Barta prouve que la mode, ça n'appartient à personne. La mode est un mouvement auquel des créateurs peuvent participer, mais il est difficile de dire qu'un ou l'autre a inventé un « style ». On ne peut pas breveter (ou simplement revendiquer) le style comme on peut le faire avec une avancée technique et/ou un changement esthétique majeur (ex. : le smoking pour femmes). Devant un tel constat, reste qu'à s'approprier « l'air du temps » et utiliser sa créativité pour communiquer un message, un esprit.
Le style et la mode sont souvent influencés par des choses qui nous dépassent : la géographie, la température, la politique, l'émancipation de la femme, l'évolution des moeurs sociales, etc. Les designers amènent de l'eau au moulin tout autant qu'ils se servent de la farine du moulin pour créer leurs propres petits pains – awww, métaphore alimentaire! Ceux qui seront crédités comme inventeurs (à tort, tant qu'à moi) d'une tendance XYZ sont tout simplement ceux qui auront reçu le plus de feedback de la part du milieu de la mode. On ne peut pas partir une mode qu'on serait la seule à suivre… Une chose que Barta ne semble pas avoir comprise pantoute.
Bref, la mode, une discipline qui vogue entre l'art et le commerce, est quelque chose d'intangible et de difficile à définir. Et non, porter des vêtements à carreaux avant 2007 n'est PAS un signe qui veut dire que toute l'industrie vole notre génie créatif.
Je vous invite à aller voir ça par vous-même, ici. Mais venez pas me chicaner si vous perdez votre après-midi!