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Apprends à gérer ton trop plein de bons sentiments sur Internet, s?il-te-plaît

Les amis, c’est l’heure de la minute maternelle.

Il y a des choses qu’il faut vraiment arrêter de faire sur les Facebook, Instagram, Pinterest, Tumblr ou je ne sais trop quoi encore. Vous m’excuserez, je ne suis pas à la fine pointe de la nouveauté, en ce qui concerne les dernières vitrines 2.0 du je-me-moi. Ah, parce qu’il faut se l’avouer :  si les réseaux sociaux axés sur le partage des préférences, des humeurs ou de « l’inspiration du moment» sont si populaires, c’est qu’ils permettent de se « mettre en scène » et, par le fait même, de se conforter dans notre construction identitaire.

Et on le fait tous. Y’a pas de mal à ça. Tout le monde tend à bichonner, peaufiner et alimenter sans cesse son build-up identitaire, sur les Internets. Si Facebook a jugé bon de dépenser 1 milliards de tomates pour mettre la main sur Instagram, c’est certainement pas parce que Zuckerberg a un fétiche de photos de pieds. C’est tout simplement parce que les gens raffolent de pouvoir, à tout moment, partager la « magie de leur quotidien ». Se mettre en scène, c’est la chose la plus postmoderne et la plus narcissique qui soit. Mais c’est aussi propre à l’humain. À croire qu’on n’attendait que ça depuis le paléolithique.

Cela étant dit, les gens, come on. On peut tu faire un effort de raffinement, mettons? Si vous tendez à vous représenter sur vos réseaux, arrangez-vous donc pour que ce soit à la hauteur de ce que vous êtes…

Courte liste des choses qui m’irritent le plus sur les Internets…

Les excès de mièvrerie, ou le nécessaire d’utiliser son cerveau.

D’OÙ vous vient cette fichue obsession de pauvres (d’esprit) pour le pastel et les phrases pré-faites, sur utilisées et complètement vides de sens? Arrêtez donc de poster des phrases qui ressemblent à des slogans Dove. Ça énerve tout le monde, pis tout le monde s’en crisse. Ah, attendez. Non, c’est faux. Et c’est bien ça le problème : y’a encore des gens qui accrochent à ces choses-là.  Légende de photo de profil, bannières pseudo design avec des phrases « punchées » et « ô combien troublantes de réalité »…

« You never look stupid when you’re having fun », me dis-tu en Helvetica sur fond fleuri?

CALICE LES GENS, GRANDISSEZ!

D’abord, ça m’est souvent arrivé d’avoir l’air franchement weirdo en ayant du fun. C’est p’t’être parce que j’ai une définition fuckée de ce que c’est « having fun », mais peu importe. C’pas ça le point. Le point, c’est que ce genre de phrase est loin de me faire réfléchir. Et si ça t’a interpellé, honnêtement, shame on you. Tu viens d’encourager en puissance la culture de la mièvrerie sur les réseaux sociaux. C’est très fatiguant.

« Collect moment, not things » — Oh comme tu as compris que l’essence du bonheur se trouve dans les moments partagés. Purgez votre âme de toute obsession matérialiste. Saisissons le moment. Et merci de me le rappeler!

Dans pareil cas, à la limite, je pense que tu m’aurais moins gossé avec un bête YOLO. Au moins c’aurait eu le mérite de ne pas se prendre pour autre chose. Reste que les tentatives d’avoir l’air intello bohême me tapent tout autant sur les nerfs. Voire plus. Ploguer quelque part : « it may not be much light, but at least it beats the darkness » ne me laisse pas entendre que tu entretiens une passion dévorante pour l’oeuvre de Bukowksi.

Ça me dit juste que tu as vu la pub de Levis.

Instagrammer la jaquette de ton Insoutenable légèreté de l’être acheté à l’Échange, en précisant que tu t’en vas le lire dans le Parc Laurier ne fait pas en sorte que je te trouve poétique et réfléchi de par ton choix de lecture.  J’espère juste que ta connaissance de Kundera ne se limite pas à ça. Mais bien franchement, ton intention Instagram me fait douter. Me semble que c’est un peu comme L’alchimiste de Paulo Coelho ou 99 Francs de Beigbeder. Si tu considère que ça laisse entendre que tu consommes de la grande littérature, je te juge et j’espère que tu lis autre chose, dans la vie. Genre je t’aurais pas trouvé moins quelconque si tu m’avais dit que tu allais lire un Agata Christie dans un Starbucks. No offense. 

En gros, arrêtez donc d’essayer d’idéaliser votre quotidien avec des référents quétaines, bébêtes et évidents pour avoir l’air cool, underground et donc profonds.

On pourrait faire une liste de mots clés bien arrêtés d’éléments surfaits qui n’enchantent plus personne. Comme dirait Marie-Hélène : « keywords : Parc Laurier, faire de la rédac’, aller dans des événements, lire le Infopresse, avoir (trop) un Pinterest ». Personnellement, je me suis tapée sur les cuisses tellement c’est précisément le genre de choses qui me tapent sur les nerfs quand les gens y font référence à outrance sur leurs réseaux sociaux.

 

Et voyez-vous, je tombe sûrement sur les nerfs de beaucoup de gens sur Facebook avec mes opinions arrêtées intempestives et mes trucs de nerd dont 80% de la population se contrefout. Mais je suis de même, dans la vie. Alors c’est comme ça que je me mets en scène sur Facebook. Dans la même optique, j’ai beaucoup de mal à croire qu’un post à la va-vite d’une quétainerie puisse vraiment être significative pour quelqu’un. En tous cas j’espère!

Arrêtez, pour l’amour, d’employer ces éléments pré-mâchés à la mode et de les ressasser jusqu’à plus soif! Vous valez plus que ça, non?

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