La Saint-Valentin. Parce qu’il fallait bien que j’en glisse un mot, après tout. Pour les cœurs esseulés. Les émiettés. Ou les pris juste à moitié… Mais au lieu de geindre et d’étendre mon malaise circonstanciel de bord en bord des marges, j’ai décidé d’y aller avec un historique de la Saint-Valentin. Genre, le vrai. Parce que le but, c’est de remonter le moral de celles qui ont l’âme un peu flétrie. Pas de gosser dans le petit trou dans notre cœur en se plaignant de plus bel de cette fête bidon. On le sait que c’est un peu d’la marde. Maintenant, on va essayer de loller. Les théories de la genèse de la Saint-Valentin se mutent et s’entrecoupent. On parle tantôt d’un complot Hallmarks, d’un massacre devenu fête romantico-mielleuse au fil des années, ou alors d’un restant de tradition mythologique qui aurait été repris et commercialisé pour donner lieu à la fête qu’on connait aujourd’hui. En fait, la version authentique n’est pas singulière. On peut retenir plusieurs hypothèses pour expliquer l’avènement de la Saint-Valentin telle qu’on la connaît. Pour bien comprendre, il est possible de scinder l’histoire de la Saint-Valentin en deux grands volets. D’abord, il y a l’aspect « païen » un peu gore. On relate que dans la Rome antique, le 15 février était dédié aux « Lupercales », ou festival de Lupercus – dieu de la fertilité selon la mythologie romaine, aussi connu sous le nom de Faunus. À cette occasion, des prêtres désignés, les Luperques, sacrifiaient un bouc dans la grotte du Lupercal, au pied du Mont Palatin. Selon le rite, deux jeunes hommes vêtus uniquement de pagnes en peau de bouc se devaient d’assister à la cérémonie, afin que les prêtres les bénissent du sang de l’animal sacrifié. Ensuite, on faisait déambuler les adolescents à travers la Cité avec des fouets en peau de bouc servant à fouetter les femmes qu’ils rencontraient sur leur passage, afin de leur apporter fécondité et volupté pour l’année à venir… Dafuq did I just read… Ouais, je vous jure. On est un peu loin du dîner en tête à tête et des ébats empreints d’amour, de passion et de tendresse. Si on transposait aujourd’hui, on aurait grosso modo une gang de tapons en bobettes de moumoute qui courent sur Sainte-Cath’ avec des fouets pour slapper des chix, dans la sloche pis toute. Lol ? Mais heureusement, au 5e siècle après J.-C., le pape Gélase 1er fit interdire les lupercales, décrétant que le 14 février (plutôt que le 15) serait dorénavant dédié à célébrer les amoureux. Conséquemment, la « nouvelle » fête allait porter le nom du saint patron des amoureux : Valentin. C’est ce qui m’amène à dévoiler le deuxième pan de l’histoire: pourquoi Saint Valentin? Valentin de Terni, un moine qui aurait vécu au IIIe siècle alors que le christianisme était cruellement réprimé au sein de l’Empire romain, offrait des services de consultations aux jeunes hommes désireux de savoir comment conquérir leur belle. L’empereur alors en place, Claude II le Cruel, aurait eu vent de l’affaire et fait enfermer Valentin, suspectant que ce dernier ne célèbre en secret des mariages chrétiens. Or, en prison, Valentin aurait redonné la vue à la fille du geôlier, aveugle de naissance, avec qui il avait une liaison. Une liaison platonique, bien sûr. Tsé, les saints y font pas ça, ces choses-là. Dans tous les cas, cet épisode aurait attisé l’ire de l’Empereur, qui ordonna son exécution. Valentin fut donc exécuté le 14 février 269. C’est pour cette raison que le bon Gélase 1er aurait choisi le 14 plutôt que le 15 pour substituer la célébration des Lupercales. Pour le reste, c’est effectivement Hallmarks qui s’en serait chargé. Mais dites-moi, mes amis. Je n’ai toujours pas vu mention de chocolat, de cadeaux de pacotilles, de fleurs ou de souper à l’eau de rose. C’est l’idée de qui, tout ça ? En tous cas je trouve ça nul. Nul parce que ça rappelle à toutes celles qui seraient susceptibles d’avoir un petit barbeau sur l’âme d’avoir la mine basse pour une journée. Être guilleret, ça ne se commande pas et c’est précisément ce que ce genre de fête quétaine ordonne. C’est un peu le même genre de malaise que j’avais avec Noël. Vous vous souvenez ? Ouais. Alors je ne me répèterai pas. J’ai pas été trop grognonne, voyez ? Et puis en plus, je suis sûre que ça vous a diverti, au lieu de vous rappeler une fois de plus que votre Saint-Valentin ne sera pas ce que vous auriez voulu qu’elle soit… Bonne chance, là !