Soyons honnêtes : jéprouve un plaisir coupable à faire preuve à loccasion du plus grand laxisme au chapitre du respect des règles élémentaires du « fashionably correct ». Il marrive davoir si peu de motivation à consacrer à mon habillement que je choisis sciemment de teinter mon look de lolness pour passer sous couvert mon manque total de tact vestimentaire.
Autrement dit, lorsque je me sens dépassée par la conciliation style/pratique/élégance/originalité/actualité, pour échapper à langoisse, je me replie systématiquement sur la combine confort/neutralité. CEPENDANT, cest là que tout sembourbe. Car, hélas! Ce nest pas aussi simple. En matière de mode, jai établi deux constats quasi inébranlables :
Dabord, devant le doute, mieux vaut éviter de saventurer. La neutralité vaut mieux que lavant-garde ratée.
POURTANT, paradoxalement, la banalité semble insuffler presquautant de mépris que la vulgarité. Le « trop facile » sera donc aussi mal perçu que lextravagance la plus éhontée, auprès du fin connaisseur.
Conséquemment, jen suis venue à perpétuellement douter de « lapproprié » de mon habillement, en fonction des situations. Quoi mettre? Quand le mettre? Et surtout Pourquoi le mettre!?
En général, la séance de dressing se solde ainsi : « Okay, jy vais avec le outfit noir sur noir. Eh merde, ça fait trois fois cette semaine »
Longs moments de tergiversations qui me frustrent immanquablement du fait de linsipidité des questionnements! Jai beau me répéter en boucle « YA DES GENS QUI MEURENT AU DARFOUR! », je demeure interpellée par le choix déchirant du pull noir que jarborerai. Facteur dirritabilité dans mon quotidien. Je vous jure.
Pour surmonter tout ça, jai développé DEUX stratégies pour économiser temps, tracas et pour masquer mon absence totale de discernement en matière de mode. Grosso modo, ça se résume ainsi :
1) Lapproche copier-coller : Repérer des items incontournables seyant un minimum à ma personnalité en observant les gens dans mon entourage. Adopter lesdits éléments comme passe-partout lorsque je ressens le besoin dêtre correctement vêtue pour une occasion X. Par exemple, lorsque jai envie de me sentir « habillée » (ou quon me lordonne), je revêts un veston coloré pour feindre maîtriser le look mi-chic-mi-casual-vraiment-étudié (lol). Je doute que la supercherie berne qui que ce soit, mais au moins, je me sens moins noob. Sagit de se sentir bien, après-tout.
2) Le troll-dressing : De loin ma tactique favorite. Vous savez, je nai aucun instinct pour la mode, mais jai un bon sens de lobservation. Cela étant, si on me dit « suit up», jemploie la stratégie 1) sans soucis. Mais si on me laisse à moi-même, eh la la. Ne me donnez jamais « casual » comme directive vestimentaire si vous avez lintention de me présenter à des gens sérieux. Vous seriez surpris jusquà quel point je peux aller dans le non-sens de mon habillement. Parce quà mon sens, tant quà se permettre un petit relâchement, pourquoi ne pas y aller dans le purement LOL?
Jhésite encore à savoir sil sagit dun acte dautodérision délibérée afin de mimmuniser par le rire contre toute raillerie vestimentaire, ou si je prends réellement plaisir à me foutre royalement de ce qui mhabille. Après-tout, le LOL peut être une ligne vestimentaire à part entière. Pourquoi ne pas lassumer comme principale inspiration?
Pour illustrer mon propos, jai passé en revue tous les échantillons dhabillements étranges que je possédais, récents ou moins récents. Je me suis surprise moi-même. Ça va comme suit :
Le kit parfait pour les samedis difficiles (MON PRÉF’!):
Le look passe-partout « je suis en voyage ». Ça demeurait, même au resto. Et dans les bars:
Les combines en flanelle assumées comme leggings à part entière (une drôle de période):
Ce pull. (ceux qui en furent témoin peuvent témoigner de la vague de dégoût suscitée):
Je pourrais continuer longtemps. C’est le genre d’items qui me font tellement rire que j’assume leur aberration de goût. Le troll-dressing, c’est un peu mon mantra. Et puis pour la tronche de certaines personnes, ça vaut souvent la peine.
Malheureusement, depuis que je suis une universitaire sérieuse (trolololololol!), je dois ménager l’absurdité vestimentaire. Ou alors suis-je en train de devenir une adulte?
On s’en reparle. Allez.