
On m’a récemment fait une remarque comme quoi il était surprenant que je m’affilie et collabore activement à Ton petit look, la légèreté et l’arrogance des propos servis ici ne reflétant pas mes allégeances habituelles.
Le commentaire n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, alors que j’ai passé la semaine à remettre en cause la légitimité de ma rédaction pour le blogue. Après avoir ruminé les considérations X et Y, à savoir s’il est acceptable ou non d’entériner une ligne éditoriale qui ne nous ressemble pas tout à fait, la conclusion s’est présentée à moi sous forme interrogative: Peut-on, oui ou non, assumer la contradiction et admettre la subversion comme une valeur à part entière?
Je m’explique.
Autant que je peux, j’essaie de ne jamais adopter des valeurs tout d’un bloc, sous prétexte qu’on pourrait les croire « connexes ». J’essaie de faire en sorte qu’il n’y ait pas de « Ça va de soi! » dans les principes que je mets de l’avant, les idées que je prône, les critiques que je porte. Comme un refus d’embrasser une cause par instinct seulement. Un processus rationnel, et un souci particulier pour le « cas par cas » se doit d’être à la base de tous mes choix idéologiques. En tous cas, j’essaie. Je dors mieux la nuit.
Cela étant, la pluralité des choses que je prône/soutiens/accepte en devient presque absurde de par l’étendue qu’elle couvre. Il s’agit probablement du principal écueil de mon procédé: je suis un être de contradictions. Pourtant, j’ai choisi d’assumer mes contradictions, et de m’employer à les justifier rationnellement en scindant mon schème de valeurs en autant de petits compartiments qu’il compte d’éléments.
Autrement dit, je passe du coq à l’âne sans remords, mais surtout sans porter embâcle à la légimité ni du coq, ni de l’âne. Ah!
Alors oui, j’écris pour un blog mode qui émet des jugements arbitraires lancés avec ironie/humour sur 75% de la vie en général, mais je me bats aussi contre la mauvaise foi au quotidien; et pour le LOL comme leitmotiv.
Je vais à l’UQAM, je ne suis sciemment pas allée manifester contre la hausse des frais de scolarité, mais j’ai passé au moins 6 jours entiers à Occupons Montréal pour prouver qu’il n’y a pas là que de illuminés.
J’ai radié la viande de mon menu, j’évite le poisson autant que possible, mais j’ai une aversion marquée pour Greenpeace;
Je lis The Economist avec autant d’approbation que le Canard enchaîné;
J’aime Kundera malgré ses bassesses, presqu’autant que je hais Sartre / je vomis Rousseau et sa bien-pensance, je crois fermement qu’Hobbes avait raison.
J’ai été à Brébeuf et j’oserais porter le hoody qui le sanctionne au Café Aquin;
(…)
Je pense que tout est affaire de savoir justifier les incongruités qu’on se permet. Eh puis ça alimente de bons débats; pourquoi pas?
Viens-je de ruiner toute ma crédibilité?