C’est lancé.
Que les choses soient dites telles qu’elles sont, l’essence du cool se détourne perpétuellement de moi. Je ne suis pas de ces êtres bénits par l’aura du swag, qui marient la désinvolture et la perspicacité pour se tenir « dans le coup », dans toutes les sphères de leur existence.
Autrement dit, je l’ai pas l’affaire. Toujours été trop dans la lune pour suivre le pas en tête de peloton.
Mais bien que j’aie abandonné à tous les niveaux d’essayer d’être cool un jour, je ne peux m’empêcher de me fasciner pour ceux qui arrivent à l’être, et surtout sur le « ça » du « coolness ». Quelles sont les instances à l’origine du cool? Elles semblent terriblement fragiles, floues, extensibles; mais à la fois radicalement posées selon des normes secrètes, immatérielles. Pour ceux qui ne l’ont pas dans le sang (moi), il s’agit d’un grand mystère.
Souvent, je me plais à dire que si je ne suis pas cool, c’est parce que j’ai une propension pour le outstanding assumé. Mais aujourd’hui, je réalise que je n’outstand pas tant que ça. Dans ces cas-ci, que faire? Apprivoisier l’amour de la neutralité? ah!
MAIS ENCORE, ça ne concorde pas avec une conception du « cool » (que j’ai élaborée de manière tout à fait arbitraire, d’ailleurs) qui mapparaît comme logique. D’abord, le cool, ne se définit concrètement que momentanément. C’est-à-dire que le cool pourrait être abordé comme une relation entre deux variables: x (le temps) y (l’élément cool). Cependant, la relation unissant les deux variables, elle, resterait à définir.
Quelques considérations pour préciser la recherche:
A) On ne pourrait vraisemblablement pas y apposer une règle à la ax+b, puisqu’on ne connait pas tous les paramètres qui influent sur le coolness (un facteur k modifie-til la croissance du cool, un ajout B, une exponentiation? La fonction COOL est-elle continue? Convergera-t-elle vers un élément y en un temps donné? A-t-elle une limite? Je vous jure qu’on pourrait en faire une analyse mathématique en règles. Ressortez vos livres de Calcul I). On connait donc les variables, mais pas leur relation. On sait le coolness momentané, mais pas en fonction de quoi. On dresse les axes, mais on ne peut illustrer leur lien. THIZ IZ HOW SCREWED UP I FEEL :'(
B) Seconde considération pour orienter ma quête, j’ai constaté que le « cool » se situe bien souvent dans les extrêmes. Aux confins du spectre des moeurs et usages se retrouvent généralement des icônes du cool. Les demi-mesures ont tendance à se ringardiser d’elles mêmes; ce sont celles qui flottent au centre de l’échelle. Au centre se trouve la plate neutralité; là où quiconque aspirant au coolness ne pourrait supporter de se tenir en toute conscience.
J’illustre la chose.
D’une part du spectre culturel du coolness, on trouverait l’exaltation, l’hystérie festive, la facilité à outrance; la satire. De l’autre, l’austérité, la rationnalité, la méta-culture, la pédance. Conceptions diamétralement opposées, mais dont les archétypes correspondent à 2 définitions avérées du coolness, dépendamment du type d’individu. CONCRÈTEMENT, disons que ça opposerait LMFAO à Jean-Paul Sartre, ou Eminem à David Suzuki.
POUR FINIR, j’ai déjà lu ce passage ô combien brillant au sujet du coolness. Je vous laisse l’apprécier, c’est percutant:
« D’abord, plus rapide est la chasse, plus rapide est la fuite. C’est-à-dire que le cool nous échappe dès que nous croyons l’avoir découvert. Deuxièmement, le cool ne se fabrique pas à partir de rien. Même si les grandes entreprises peuvent intervenir dans le cycle du cool, elles ne peuvent le créer elles-mêmes. Lorsqu’on ajoute à cela la dernière règle -il faut être cool pour reconnaître le cool-, le cool devient une boucle fermée, un cercle hermétique dans lequel il est impossible non seulement de créer ou de saisir le cool, mais de même savoir ce que c’est. À moins, bien sûr, d’être DÉJÀ cool – auquel cas, on n’a aucune raison de le chercher ! »
– Heath & Potter, « Revolte Consommée » pp. 231
Je pense donc que ça va être long avant que je devienne cool. Je vais sur ce retourner à Perceval le Gallois, avec mon tricot.
PS: Tant qu’à avoir parlé de LMFAO, allez donc voir ça. Je suis encore partagée à savoir si c’est cool ou pas, mais c’est bougrement drôle: