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Découverte: La vérité sur les hipsters, la vraie!

Les hipsters, comme on aime les haïr. Des bitcheries inépuisables, ainsi qu’’un souci continuel de repousser loin de soi l’appellation, l’étiquette. Plutôt mourir que d’’être un hipster avoué; telle est la devise du hipster avéré. Tout de même, on l’’accordera, le hipster soft core (donc pas nécessairement celui ou celle qui a des tattoos de vierge Marie sur le chest, une coupe muffin, de la dentelle grossière jusque sous les baskets et des lunettes en verres de scaphandre…) a généralement un assez bon flair pour le style et la distinction vestimentaire. Or, par défaut, c’’est aussi à eux qu’’on affilie la sphère « fashion ». Mais attention : cette association est dans plusieurs cas effrontément erronée. La généralisation hâtive détourne les principes, et c’’est trop souvent le cas ici. En effet, le professionnel – ou le fervent amateur de mode ne répond pas forcément aux critères fondamentaux du modèle hipster. Pour mieux le concevoir, il est impératif de remonter aux origines du mouvement.

D’abord, on a souvent tendance à croire que le terme hipster et sa définition sont nés de la société postmoderne, dans la foulées de ses nombreuses excentricités; mais non. L’’articulation du phénomène s’ancre au milieu du 20e siècle. À dire vrai, on rapporte souvent que le hipster aura été à la Seconde guerre mondiale ce que le dadaïste avait été à la Première. Oh, les prémisses à la base du lifestyle n’’étaient pas plus glorieuses à l’’époque (snobisme, dépravation, mœurs sexuelles débridées, cynisme, pauvreté volontaire, voire feinte…) mais le contexte socioculturel entourant l’’apparition du genre est pour le moins surprenant.…

À l’’origine, les premiers hipsters étaient des blancs becs sur-éduqués installés volontairement dans les quartiers trash des grandes villes américaines dans le seul but de frayer avec les artistes émergents de la scène jazz de l’époque. Le soho et autres quartiers apparentés grouillaient alors de clubs bondés de jeunes (et moins jeunes) venus apprécier l’’épanouissement du Be-bop et de ses quintets endiablés. Rejoignant dans un premier temps un public majoritairement afro-américain, l’’Amérique blanche aura cependant vite fait de s’éprendre à son tour de cette musique complexe, éclatée et terriblement moderne. Ainsi, l’’icône absolue de tout aspirant hipster était vraisemblablement Charlie Parker ou, un peu plus tard, des virtuoses glamour à la John Coltrane ou Miles Davis.

Pour Frank Tirro, Ph.D en histoire de la musique et professeur à l’’Univeristé de Yale – probablement le plus susceptible d’’être énoncé comme « théoricien principal du hipsterism » – les premiers hipsters calquaient leur mode de vie sur celui des stars du jazz afin de rejeter avec cynisme les contraintes d’’une société structurée par des principes qui ne leur convenaient pas.

Ainsi, le hipster ne fait pas que s’’habiller ou écouter un style de musique en particulier; il cherche à inventer des rites sociaux qui lui permettront de transcender le paradigme de la société urbaine, et ce avec une attitude empreinte de mépris et d’’autodestruction.

Finalement, à la lumière de tout ceci, je m’’amuse à souligner qu’’on peut facilement identifier le premier hipster célèbre de l’’histoire : le trompétiste Chet Baker, white ass très soul originaire de l’Oklahoma, décédé tragiquement à l’’aube des années 90 après avoir connu une carrière glorieuse mais marquée par des épisodes de déchéance graduelle. Sa tronche, ses poses, son swag : tout y est. C’’était un beau bonhomme, d’’ailleurs, avant que l’’héroïne et le crack commencent à lui bouffer la face.

Sur ce, on apprécie une de ses très belles pièces, superposée à des footages anonymes et très très vintage, juste pour avoir de la suite dans les idées…

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C’est ça, on va se coucher moins niaiseux ce soir!

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