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Histoire culinaire: Toi et moi et le jardinage.

Ndlr: Comme on laisse beaucoup de latitude à nos collaboratrices, Sarah-Maude a décidé de vous partager cette semaine une de ses histoires. (rappelez-vous qu’elle termine son BAC en création littéraire). Pour faire un jeu drôle/con, nous avons ajouté des hyperliens à tous les mots qui nous faisaient penser à nos anciens billets. Non mais, c’est tu l’fun ça!

 

J’attendais, mon dos était rond un peu plus que d’habitude parce que je me trouvais grande ce soir-là (encore toujours). J’attendais, j’avais pas grand chose à faire avec mon corps alors j’essayais de me cacher entre des gens d’une grandeur raisonnable. Je voulais me confondre un peu, je me trouvais tellement grande, si tu avais lu ce que je me disais dans ma tête t’aurais peut-être compris. Ou tu m’aurais trouvée épaisse, mais de toute façon t’as pas lu alors on va pas se chicaner pour ça.

J’attendais, je regardais partout pis ailleurs pis nul part (pas dans le vide, mais je ne regardais rien en particulier quoique j’aurais pu fermer les yeux et juste écouter, mais j’y ai pas pensé sur le moment, c’est pas plus grave), j’avais froid aux doigts à force de tenir ma Molson et de faire à semblant de la boire (j’avais dépassé mon max de calories à bouffer dans les chips et je voulais pas refuser une Molson alors je la gaspillais).

J’avais envie d’entendre des mots glissants, des mots dangereux, mais super doux, t’sais.

Mais je suis plus grande que toi d’un pouce et demi et ça te fait capoter un peu, ça te rend niaiseux parce que c’est écrit dans ta face que t’es mal.

J’aurais aimé que tu me dises des mots comme.

Ben j’ai pas d’exemple.

Mais on se connaît assez pour que tu comprennes. Je te fais confiance, tu aurais trouvé les bons mots.

J’étais dans une espèce d’ambiance de fête pis j’avais le sourire dans la face.

Alors oui, j’attendais que t’arrives (c’est la fois que tu avais laissé tes clés dans le contact les portes barrées, j’avais ris ostie), c’était long parce que j’avais hâte de te voir et d’arrêter de me trouver grande. Même si t’es plus petit pis que ça te rend mal, moi ça me rassure, je rapetisse, ça fait du bien, c’est comme si je respirais mieux.

L’air est plus pur plus bas dans la vie.

Tu te faisais désirer, t’arrivais pas, moi j’avais envie de t’entendre parler même si tu dis souvent des mensonges pas crédibles. Je fais comme si je te croyais à chaque fois sinon c’est compliqué et ça vire en tiraillage. T’es enfin arrivé, mais j’avais eu le  temps de me trouver grande assez longtemps pour me donner mal au coeur. Mon verre était encore plein, tu étais content, tu l’as bu au complet avant de me dire «Allo belle fille». T’as tout avalé, ta gorge faisait un bruit de débile, ça m’énerve à chaque fois, moi je bois en silence je vois pas pourquoi c’est difficile pour toi.

Et là : «Allo belle fille»

Ça m’a adoucit et j’ai oublié tes bruits de gorges (jusqu’à ce matin en buvant ton café, tu comprendras jamais).

T’étais super tellement beau. Tu m’avais emprunté un chandail parce que tu aimes ça porter mes chandails, surtout ceux qui sont pas trop courts et qui font lousses sur moi. Ce soir-là, tu m’avais piqué celui que je porte quand j’ai viré une brosse, celui qui fait que j’ai l’air de Kate Moss qui a grandit pas mal et qui a pris 40 livres. Tu étais super tellement beau avec toi dedans ce chandail-là. Et t’avais le nez gelés qui coulait du bout un peu parce que t’avais passé une bonne heure à figurer comment tu allais débarrer tes portes. Finalement, t’avais appelé ta mère. Ta mère est grosse, mais fine. Je l’aime ta mère.

En finissant ma bière, t’as embrassé ma bouche avec tes lèvres ça goûtait la Molson, justement. Ta main en popsicle s’est glissée dans mon chandail (ton chandail de The Cure, on s’échange ça nous-autres le linge) et tu m’as dit foule vite, foule pas assumé : «I love you bébé loup on fait-tu pousser des kids.»

Pis moi tout ce que j’ai pu répondre c’est : «J’aime pas les kids pis je sais pas jardiner.»

Tu semblais déçu, mais t’as ajouté que toi non plus tu savais pas jardiner, mais que tu allais m’apprendre, avec du temps et beaucoup de belles conversations, à aimer les enfants, à les trouver beaux pis pas fatigants.

Oké Oké Oké Oké debord.

– Mais avant que tu m’apprennes à les aimer les p’tits criss, on peut-tu se marier avec un thème ?

– Un thème ?

– Oui un thème. Un mariage à thème. Genre déguisé. Un concept. La grosse affaire.

– Non.

– Hein. Fuck you.

J’étais fâchée parce que moi c’est mon rêve de me marier avec un thème cool. Pas un thème cheap. Un thème cool. Genre Harry Potter. Avec un plafond en ciel bleu et des chandelles qui flottent et des chats et des crapauds et des géants et des elfes de maison et des robes avec des étoiles en diamants brodées dessus et des chapeaux pointus et des baguettes (fausses, mais qui ont l’air vraies) et des dragées surprises et Dumbledore (ressuscité, ton père pourrait se déguiser en lui y’aime ça jouer à la vedette) et surtout surtout surtout des Hypogriffes (créature magique que si tu sais pas c’est quoi t’es loser), des Sombrales (créature magique que si tu sais pas c’est quoi c’est moins grave parce que y’en a juste dans le tome 5 je pense) et des choco-grenouilles (grenouilles en chocolat, duh).

– En tout cas moi je fais un trade, on fait pousser des enfants juste si on se marie comme ça.

Pis là tu m’as fait un sourire, tu m’as dit que j’étais cute à mourir et on est partie de la fête pour aller faire de la sexualité.

Je suis en amour avec toi je suis contente d’être en amour avec toi toi toi toi es-tu aussi content que moi.

 

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