photo roman: Les fourchettes

Voici une nouvelle catégorie de billet pour notre collaboration spéciale avec Les Fourchettes, le blogue de mon amie Sarah-Maude Beauchesne. Une nouvelle avec des photos à l’appui (un photo-roman, quoi !)

Hier, je suis allée dans un party avec du monde super beau et super à la mode genre que les gars ressemblaient pas aux gars qu’on croise à Granby.

Non, les gars ressemblaient plutôt à des princes ou des troubadours ou des chanteurs vraiment populaires, mais quand même vraiment laid back. Oui, c’est ça, un garçon sur trois ressemblait à un chanteur vraiment populaire alors les filles étaient rouges sur les joues et dans le cou et les filles buvaient comme des gars et les filles oubliaient qu’elles portaient une robe alors souvent on voyait leurs petites culottes.

Je lève la jambe haut la toune est bonne je porte des pantalons ah non oups je porte une robe fleurie comme elle pis elle pis elle ah pis comme elle aussi.

– H&M, toi ?

– Même chose, est juste 12 piasses.

J’étais contente parce que je portais mes Mavi Serena Deep blue Paris (c’est des jeans oké) et une chemise en jeans couleur craie bleue pour-écrire-sur-l’asphalte. Y’en avait pas une maudite tannante qui avait le même kit que moi. Je me suis dit «fiouf ostie bien joué le jeans on jeans» dans ma tête.

Et bon, je les trouvais beaux les gars hier. Pas tous, surtout pas ceux qui sont fatigants et qui ont manqué leur coup avec leur face, alors non pas tous, mais il y en avait qui souriaient bien, il y en avait qui riaient beau, il y en avait qui bougeaient cool, il y a avait qui parlaient sophistiqué-je-sais-des-choses. Les filles étaient là pour des garçons comme ça, elles sentaient les fleurs de leurs robes et le soleil de Club Med et la crème pour les cuticules et les produits de beauté faits à la main et le chapstick à la rootbeer. Les filles étaient là parce qu’elles croisent les doigts chaque soir avant de dormir pour sortir avec un gars qui joue du clavier ou qui brasse des maracas et ça ne finit plus de faire la liste des gars qui font quelque chose qui paraît bien dans la vie de ville jeune.

En tout cas.

Moi je portais mes Mavi Serena Deep blue Paris et ma chemise craie bleue pour-écrire-sur-l’asphalte et je n’attirais pas l’attention vraiment parce que j’avais l’air bête et aussi parce que j’avais deux têtes de plus que la plupart des gens.

T’ES DONC BEN GRANDE À SOUARE.

T’es donc ben petit tout le temps, hein.

En tout cas.

Je n’attirais pas les regards je veux dire les garçons étaient sceptiques devant ma silhouette ça se voyait je ne les blâme pas les pauvres loups pas sûrs de ce qu’ils voient à travers leurs yeux vitreux de bière locale 5.75 plus le tip. C’est pas grave.

J’avais envie de leur dire que c’était pas grave, que ça ne me fâchait pas qu’ils ne me trouvent pas magnifique parce que moi je suis en amour avec un garçon qui est pas là mais qui est pas mal plus toute que n’importe quoi de toute.

J’avais envie de dire «anéwé moi je suis en amour».

Mais c’est pas rock.

Alors j’ai juste eu l’air bête, et je suis restée grande plus grande que tout le monde avec mes talons à lacets et mes Nina Ricci vintage sur le nez qui atténuent l’aquilin dans mon nez et qui me donnent l’air de rien savoir sur la vie.

Et ça n’a rien changé à mon quotidien, la seule chose c’est que depuis hier j’ai «je t’aime mais c’est pas rock» dans la tête.

Check ma face mon bel amant, ça veut dire que je t’aime, ça veut aussi dire que c’est pas si rock. Mais j’m’en fou.

Même que j’ai une amie pas-de-cheveux, ça c’est foule rock par exemple.

J’ai des amies belles qui s’aident à se mettre du rouge à lèvres pour pas dépasser pis se tacher les joues quand on boit trop.

C’est pour ça que les p’tits se sentent p’tits pis qu’y m’énervent les grandes jambes à crier par dessus la musique que je suis donc ben grande à souare.

Je suis contente mes amies au moins elles portent pas des fleurs H&M, elles portent de la soie et du Chanel pour les yeux.

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