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Troubles du comportement alimentaire : bien plus qu’il n’y paraît
Crédit: UNSPLASH

D’aussi loin que je me souvienne, je mange. Joie, peine, fierté, déception, toujours avec excès. Pas toujours au sens de tous les jours ou de toutes les émotions. Mais lorsqu’elles sont vives, facilement avec excès. Et certains aliments, toujours avec excès.
 
D’aussi loin que je me souvienne, ou presque, j’ai toujours voulu maigrir. J’ai même souhaité, à l’adolescence, être anorexique. J’ai essayé de me faire vomir (sans succès).
 
Dans ma vision nombriliste et étriquée d’alors, l’anorexie et la boulimie me semblaient deux solutions tellement « simples » :

  • Ne plus manger et YOUPI maigrir;
  • Manger tout autant, me faire vomir et YOUPI maigrir. 

J’ai été « chanceuse » : je n’ai pas « réussi » à « devenir » anorexique. Je n’ai pas « réussi » à prendre « l’habitude » de faire vomir pour « compenser » mes excès. Beeeeeeaucoup de guillemets, ici.
 
Même si je continue de lutter avec mes émotions et mon estomac, j’ai appris à mieux manger et à bouger et ça fait toute la différence du monde. Ça, c’est moi. Ma belle p’tite réalité toute rose, toute douce. Mes excès occasionnels, quoiqu’ils me découragent et que j’en aie parfois honte, restent ce qu’ils sont : des excès occasionnels.
 
Ce dimanche 2 juin, c’est la journée mondiale de sensibilisation aux troubles alimentaires. Se sensibiliser, pour défaire les fausses croyances et les préjugés envers ces derniers.
 
Un trouble alimentaire (ou trouble du comportement alimentaire, TCA), ce n’est pas un raccourci facile pour perdre du poids ou un surnom méchant à donner à une personne plutôt mince. Ce n’est pas de trop manger à un souper de famille ou de passer à travers tout le sac de chips, de travailler fort pour développer sa musculature ou de désirer manger santé. 

C'est l’absurdité irrationnelle du hamster cruel qui te spinne dans la tête 24/7 – calories, exercice, aliments, valeur nutritive, corps, contrôle, privation, calculs, isolement, peau, os, muscles –, épie chacun de tes gestes et de tes bouchées, déforme insidieusement ton regard sur toi-même, sur les autres, sur ton assiette, sur tout ce qui t’entoure. C’est la ribambelle infinie des pensées destructrices qui te brouille les idées, s’agrippe à tes espoirs et tes désirs, à ta vie toute entière.

C’est la voir, cette vie, à travers un miroir déformant ou grossissant. Rien n’est plus vrai pour toi que ce que tu y vois… et pourtant, on te dira que c'est JUSTE ton imagination. Comme si le fait que ce soit supposément imaginaire rendait la réalité moins crue…!

Pas plus qu’on ne peut juste ignorer un os cassé et marcher dessus – quelle idée i-n-s-e-n-s-é-e! –, pas plus qu’on ne peut se « botter les fesses et penser positif » lorsqu’on est en dépression – et pourtant, certains le pensent encore –, on ne peut simplement ignorer ou rationnaliser un TCA, quel qu’il soit, visible ou non de l'extérieur. Il sait rappeler sa présence à chaque instant.

Mauvaise nouvelle : littéralement chaque instant. La nourriture est partout, tout le temps. Essentielle à la vie mais aussi, apparemment, au divertissement et aux relations. Le corps, scruté à la loupe d’une perfection impossible, est une obsession sociale.
 
Bonne nouvelle : il est possible de guérir d’un trouble alimentaire et il existe de l’aide. Tu n’es ni seul.e, ni brisé.e, ni gênant.e. Tu es un.e bel.le humain.e précieux, intelligent.e et tu mérites d'aller mieux, de rétablir ta relation avec ton corps, ta tête et ta vie.

Faisons de la lumière, ensemble.

Pour en savoir plus : https://anebquebec.com/troubles-alimentaires/journee-mondiale-de-sensibilisation-aux-troubles-alimentaires-agir-ensemble-cause

PS. : Je l’ai dit, je ne souffre pas d’un trouble alimentaire. Suis-je une imposteure d’écrire ces lignes? Ayant sérieusement souffert d'anxiété, j’ose penser que non. Je connais le monstre qui habite une tête malade. Je connais certains des sentiments, des sensations, la détresse. J’y suis sensible et je souhaite rendre moins solitaire le voyage de ceux qui traversent cette route cruelle.

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