Durant un court moment de l’histoire, de notre siècle, de notre temps, pendant 9 minutes pour être plus précise, il y a eu ce discours qu’a prononcé Oprah Winfrey. Un moment important, alors qu’elle était la première femme noire à recevoir le prestigieux prix Cecile B. de Mille pour sa contribution remarquable au monde du divertissement.
Depuis, la toile s’enflamme et certain.e.s s’amusent à décocher des flèches à l’endroit d’Oprah et de (celles)ux qui se réjouissent de son succès. Je pensais me tenir loin de la conversation, mais ce matin, j’ai lu un article dans le journal qui est venu me chercher, parce que vraisemblablement, il manquait à ce chroniqueur un peu plus de contexte et d’ouverture d’esprit.
Pour une jeune femme noire comme moi qui travaille dans le domaine des communications, Oprah est sans contredit mon inspiration since day one. Quand je l’ai vue monter sur la scène, je me suis revue regarder Halle Berry fondre en larmes alors qu’elle était la première femme noire à recevoir l’Oscar de la meilleure actrice. J’étais en secondaire 2. Le lendemain, j’ai essayé de trouver quelqu’un avec qui partager mes sentiments d’espoir et d’émerveillement, d’émotion et de fierté, mais je devais être trop précoce, parce que ça ne résonnait pas aussi fort pour mes autres camarades de classe. Un gars m’a même dit : « Eille voyons, elle en a tellement trop mis, elle n’avait vraiment pas à pleurer tant que ça. » Le problème, ce n’était pas Halle. Le problème, ce gars-là ne le vivait tout simplement pas, et donc ne pouvait pas le voir ni en être conscient. Il ne comprenait pas. Sauf qu’il était aussi en secondaire 2, alors on va lui donner une chance.
Le vrai problème, c’est que l’histoire d'Oprah et de tous ceux et celles qu’on classe dans la catégorie « minorité XYZ » n’est pas assez souvent racontée. Alors oui, c’est normal que ça provoque des réactions assez fortes, parce que ça remue des trucs profonds qu’on refoule, qu’on retient, qu’on cache, qu’on endure pour survivre dans ce monde qui nous l’offre pas toujours facile.
Son histoire est importante et mérite d’être évoquée, parce qu’elle est l’histoire de plusieurs personnes dans l’ombre. Sa lumière brille à l’ombre de notre anonymat, et c’est pour éclairer nos histoires que la sienne est célébrée!
Les gens oublient. On ne parle plus de l’Oscar d’Halle Berry, mais plutôt de son divorce et de sa fragilité émotionnelle, et ce n'est pas tout le monde connaît qui Sidney Poitier, mentionné durant le discours d'Oprah, justement.
Pour ceux et celles qui sont intérolant.e.s, qui manquent de sensibilité et ont tant envie de retourner à leurs fausses nouvelles, nul besoin de vous inquiéter, le spotlight va vite se braquer sur autre chose, mais comme on n'en est jamais revenu.e.s du premier homme qui a marché sur la lune, NON, on n'en reviendra pas de la première femme noire à avoir remporté le prestigieux prix Cecile B. de Mille, Oprah Winfrey. #TeamOprah