Hier, comme pas mal de monde, j’étais devant ma télé à regarder les Golden Globes. Chez moi, on adore les galas. Pas pour le tapis rouge, mais pour écouter les trucs qu’on aurait manqués, quoiqu'on n’en manque pas vraiment du côté du cinéma. Bref, sachant que le mouvement Time’s Up battait son plein, c’est la militante en moi qui était contente de voir investir un côté politique à l’événement.
Ce qui se passe dans le monde depuis l’affaire Weinstein, c’est gros. Ça fait très longtemps que les personnes qui s’identifient comme femmes attendent ce moment. Ça fait genre depuis qu’on a compris qu’on n’est pas égales aux hommes, qu’on sait qu’on a plus de chance de se faire agresser sexuellement, qu’on sait qu’on n’a pas le même salaire avec les mêmes compétences, qu’on doit faire notre place plus fort, en espérant être considérées autant qu’une personne avec moins de compétences, etc., ETC. Ça fait longtemps qu’on attend de changer le pouvoir en place, de changer la dynamique, d’ouvrir la conversation.
Hier, les hommes d’Hollywood n’ont pas pris de leur temps pour parler du fait qu’ils devaient aussi participer au changement. Mais ça va, il y a avait assez de gens pour faire des discours à saveur politique et pour parler du changement.
Puis, il y a eu Oprah.
Puis, les réseaux sociaux se sont enflammés.
Parce qu’on avait besoin de l’entendre.
Puis, ça n’a pas pris une demi-heure que les avocats du diable ont commencé à nous enlever le moment. Le petit moment de grâce où on s’est dit ensemble – les personnes qui s’identifient comme femme – qu’on allait peut-être y arriver ensemble. Qu’on vaut la peine! Qu’on vaut quelque chose! Qu’ensemble on peut faire de grandes choses! Ensemble, on peut se dire que c’est à notre tour.
De voir qu’on dévalue les prises de parole des femmes, qu’on leur dit encore que c’est plate, mais ce n’est pas si facile changer le monde, que c’est cute les petits discours, mais on a déjà pris une photo avec un monstre. Que c’est ben le fun dire que telle personne devrait remplacer le clown à la présidence des É.-U., mais que telle personne n’est pas parfaite. Que telle personne n’est pas compétente. Que telle blague était trop salée, selon les avis de personnes qui peuvent se permettre tout, encore.
C’est assez les gars. C’est votre temps de vous asseoir et de prendre votre trou. C’est le temps de nous laisser la place. Vous jouerez aux avocats du diable dans votre salon avec vos amis. Vous vous convaincrez que vous êtes corrects vous autres, que vous êtes féministes, que vous êtes intellectuels, pendant que nous on prend finalement l’espace qui nous est dû.
Parce que mon doux, c’est assez. Your time is up. Et même si vous pensez que votre avis compte assez pour qu’on se taise, c’est assez. On va continuer de parler et de ne pas prendre en considération ce que vous dites selon votre genre. Comme vous l'avez toujours fait.