Grosse boule dans mon ventre. Un ramassis d’émotions bin compactes. La boule veut rire, pleurer, crier, trouve tout trop beau ou trop laid. Ma petite planète d’émotion. Je suis hypersensible.
Je ressens toute. Je pleure. Infinie tristesse : guerre, maladie, réchauffement climatique, violences racistes et sexistes. Quand je regarde les nouvelles, ça me fouette jusque dans la moelle. J’ai mal. Constante peur de blesser et d’être blessée par les gens que j’aime et qui m’aiment. Je guette les signes. Ressentir la tristesse comme un raz-de-marée, c’est parfois envahissant pour mes neurones. L’envie d’être neutre. C3P0 genre. Quand la tristesse devient trop, j’aimerais parfois devenir un robot.
Puis, je réfléchis. Je peux autant ressentir la douleur que la beauté. Je peux être touchée, chamboulée par tout pis rien. Je ressens toutes les notes de la musique, la beauté du froid qui transperce mon corps, l’odeur de la forêt, la petite lumière qui vibre au creux des yeux de mon amoureux. Les petits progrès des enfants avec qui je travaille me touchent et m’émerveillent.
Je pleure beaucoup. Pleurer ne devrait pas être honteux ou invalidant. Je devrais être quand même prise au sérieux dans une discussion, même si le sujet me touche et me fait pleurer. Se laisser le droit de pleurer et de ressentir les choses devrait être vu comme quelque chose de beau et de fort.
Mon hypersensibilité m’aide à percevoir toute la beauté du monde en même temps que sa laideur.
Ça ne fait pas de moi une personne faible, au contraire. Parce que je suis hypersensible, je me bats. Je combats mes propres tristesses, mes propres peurs. J’utilise les émotions comme moteur pour avancer dans la vie. Être une meilleure personne. Je fight mon sentiment constant d’impuissance face à tout l’affreux de notre monde. J’essaie de transformer mon empathie en actions concrètes. Aider les gens dans mon milieu de vie. Ça m’aide à mieux comprendre les enfants à besoins particuliers avec qui je travaille. Mon intelligence émotionnelle m’aide à mieux adapter mes interventions. Je ne veux pas que mon entourage reste seul avec ses bobos parce que je ne sais que trop que ça peut être difficile à gérer. Je veux être soldate et les aider dans leurs guerres. Ma sensibilité fait de moi une personne plus forte et plus consciente des autres.
Il faut arrêter de lier sensibilité et faiblesse. Prendre conscience de la grande force qui nous habitent nous, hypersensibles.
To all my fellow hypersensibles, vous êtes valides. Keep on riding les vagues de la vie.
Crédit : Maude Bergeron pour Les folies passagères/Facebook