Mon cerveau fonctionne différemment. Depuis que je suis enfant, je le sais, on me l’a dit. Que ce soit par mes parents, des gens totalement inconnus, mes ami.e.s ou des professionnel.le.s de la santé mentale, on me l’a maintes fois répété. Très jeune, mon premier diagnostic est tombé comme une guillotine : je suis ADHD. Ben oui, moi aussi.
Pour le meilleur ou pour le pire, ma mère s’est vivement opposée à ce que je prenne des médicaments, me forçant à coper d’autres manières. J’ai appris à devenir une introvertie extravertie ; une enfant à l’imagination débordante, à la plume vive, mais aussi au tempérament bouillonnant et colérique. J’ai vieilli ainsi, en écrivant et en criant des choses.
À l’adolescence, plusieurs événements se sont produits. Notamment, j’ai essayé de mettre fin à ma vie trois fois. Je n’allais vraiment pas bien, quoique parfois c’était correct. Une vraie montagne russe. Je commençais mille et un projets, puis j’abandonnais tout d’un coup, par manque de motivation. J’ai vu une psychiatre, qui m’a dit que j’avais peut-être un trouble de la personnalité limite, mais qu’elle ne pouvait rien diagnostiquer du genre avant ma majorité. J’ai eu une thérapie qui ne m’a pas donné grand-chose.
Mon problème, ce n’est pas que j’ai des comportements spécifiquement destructeurs ou que je n’ai aucun contrôle sur mes actions. Mon problème, c’est que parfois, sans explication, je sors de ma léthargie et je deviens ultra productive, alors je suis également un peu plus réactive, un peu plus dépensière, un peu plus vivante. Tout à coup, j’ai besoin de ressentir toujours plus, de prendre des décisions, de faire des choses, de réaliser. J’ai un million d’idées et je me lance de tous les côtés en même temps. C’est étourdissant, mais ça fait du bien, puisque ça brise la monotonie de mon mood habituel, ça met fin à mon apathie générale.
Puis je replonge dans le Vide. Dans le grand grand Néant au fond de moi qui m’aspire, qui me ramène comme un yo-yo. J’en suis venue à me demander ce qui me représente. Suis-je plus moi-même lorsque je suis énergique, ou lorsque je suis down? Un peu des deux, finalement… puisque je réalise que ça n’a rien à voir avec ma personnalité.
Ce que je décris depuis tantôt, ce sont les symptômes d’un épisode maniaque. Une période durant laquelle je semble être complètement sortie de la dépression, où je fonctionne bien (voire un peu trop), presque normalement, quoique hyperactive.
Et cet article en est la preuve : c'est le cinquième que j’écris en deux jours, après avoir été à sec de motivation pendant deux mois. Je ne dors presque plus, mais je me sens tout de même très énergique.
Je pense peut-être avoir un trouble bipolaire, mais je n’ai pas encore osé appeler mon médecin. J’ai peur du diagnostic, j’ai peur des médicaments, j’ai peur du processus, j’ai peur de changer, j’ai peur de ne pas changer.
Il faut dire que j’ai aussi énormément manqué de motivation. Dans mes périodes de dépression, l’idée de faire un appel me donne des crises d’angoisses, je m’en sors à peine lorsque je suis au travail.
Mais bon, puisque je suis présentement dans une période d’hyper-productivité, aussi bien en profiter avant que ça passe pour tout réaliser ce que j’avais pelleté par en avant.