Je me souviens, quand j’étais enfant, même adolescente, j’avais très hâte d’être « grande ». J’avais hâte d’être plus vieille pour pouvoir faire mes propres choix, pour comprendre ce qu’on comprend quand on est grand, comme disaient mes parents. Aujourd’hui, j’ai 26 ans et je tente de me tailler une place dans le monde professionnel. Et j’ai un problème : j’ai l’air très jeune. J’ai l’air d’avoir encore 17 ou 18 ans selon beaucoup de gens. C’est très drôle qu’on me demande mes cartes chaque fois que j’achète de l’alcool. J’en ris de bon cœur. Reste que j’en ai assez d’entendre #LesGens me dire que, « quand je vais être vieille, je vais être contente d’avoir l’air jeune ». Évidemment que je vais être contente, je ne remets pas ça en question. Je vais économiser en petits pots de crèmes miracles, c’est merveilleux!
Le problème est ailleurs : on ne me prend pas au sérieux. Je travaille dans des domaines qui exigent que je prenne ma place et que je montre de quoi je suis capable en usant de créativité, d’organisation et d’innovation. La compétition est forte. Et avec mon petit visage d’ange, mes cheveux lisses et mon corps menu, je ne peux pas faire autrement que de passer pour la stagiaire même si j’ai une maîtrise en poche et que je travaille depuis déjà plusieurs années dans mon domaine autant à mon compte que comme salariée. J’ai beau changer de style vestimentaire, de coupe de cheveux, rien n’y fait. Et je n’ai pas nécessairement envie de changer mon apparence pour me faire prendre au sérieux.
Je lance alors la question, parce que j’en ai assez : serait-il possible qu’on cesse de nous infantiliser, nous les jeunes professionnelles qui avons encore l’air d’être au cégep? Serait-il possible qu’on accorde autant d’importance à nos propos qu’on en accorde à ceux qui font leur 25-30 ans? Même, qu’on ne fasse pas de différence entre les âges comme on tente de ne pas en faire entre les sexes, même si cette bataille est loin d’être gagnée, mais ça, c’est une autre question!
Je comprends qu’on acquiert, avec le temps, de l’expérience. Je comprends que, quand on commence dans la vie, on n’a pas nécessairement les mêmes connaissances que ceux qui travaillent dans le domaine depuis des décennies. Et c’est normal.
N’empêche que je me passerais volontiers de surnoms comme « mon enfant », « ma belle », « la p’tite » ou même « cocotte » (oui, c’est déjà arrivé!) quand je travaille et quand je suis là pour faire un travail égal à ceux qui ont dix ans de plus que moi. Parce que ça mine, chaque fois, mes chances de laisser ma marque.
C’est une question de respect, un point c’est tout. C’est une question d’équité, aussi. Commencer une carrière, c’est souvent difficile. J’aimerais qu’on puisse le faire sans nous sentir rabaisser par notre apparence — qu’il s’agisse qu’on ait l’air jeune ou que notre apparence fasse ressortir tout autre propos déplacé. Notre génération a beaucoup à apprendre, mais elle a aussi beaucoup à apporter aux autres générations. Le travail d’équipe commence par ce respect mutuel entre les générations.
Vous aussi, vous vivez ou avez vécu une situation semblable? Avez-vous des trucs?