À la lecture du texte de Annie Nonyme à propos des difficultés associées au fait d’être en couple avec un musicien, je dois dire que je me suis identifiée à la situation décrite, mis à part le fait que, dans mon couple, c’est ma carrière qui crée des difficultés particulières. Je fais souvent des jokes comme quoi c’est une bonne chose que je sois en couple, parce que je suis impossible à dater. J’aime mon chum, il m’aime, we’ve got a good thing going on, mais cela ne veut pas dire qu’on n’a pas le droit de soulever les difficultés bien réelles que créent mon occupation : je suis étudiante aux cycles supérieurs en philosophie, et j’ai de grosses ambitions. Pour faire écho au fameux texte, j’ai donc identifié cinq points qui font en sorte que ce n’est pas toujours de la tarte, être en couple avec moi.
1. Qui dit ambitions académiques dit déménagements
L’an dernier, j’ai déménagé en Alberta pendant huit mois pour faire ma scolarité de maîtrise. Pendant ce temps, mon copain, avec qui je vivais jusque-là, restait à Montréal parce que, bon, il a une vie aussi, hein. On s’est donc vus une semaine par session (sa semaine de relâche) et pendant le mois de Noël. Maintenant, je suis de retour, mais ça pose des défis vraiment weird, le fait d’avoir vécu ensemble, puis d’avoir passé presque toute l’année à 3 000 km l’un de l’autre, que je revienne vivre chez mes parents (parce que ma vie est trop imprévisible en ce moment pour pouvoir signer un bail et m’engager)… Tout un tas de casse-têtes, on ne le niera pas. Des fois, j’ai l’impression que ma relation a comme « régressé » à un stade antérieur; passer de la vie commune au " dating ", ce n’est vraiment pas facile.
2. L’incertitude quant à mon futur est réelle
Pour moi, c’est toute ma vie qui est incertaine, alors je n’ai pas le choix de dealer avec. Je ne sais pas où je serai admise au doctorat, je ne sais pas si je serai financée et à quel point, je ne sais pas si je vais ever réussir à avoir une carrière académique, car c’est très difficile en philosophie (et sûrement dans les autres domaines, mais je ne les connais pas assez pour me prononcer). Bref, je ne sais pas où je vais être dans un an. C’est quand même un stress pas pire pour un.e partenaire, disons.
3. Je suis tout le temps stressée et anxieuse
Mon stress et mon anxiété sont des réalités que beaucoup d’étudiant.e.s connaissent, et je fais tout ce que je peux pour m’assurer de ne pas dépasser les bornes. En effet, j’ai tendance à devenir irritable quand je suis stressée et veut veut pas, ça demande un peu plus de " care " pour mon partenaire quand je ne vais pas bien. J’essaie de le rendre autant que je peux et c’est un travail émotionnel que j’apprécie, mais il reste que ce n’est pas facile et qu’une occupation moins stressante me rendrait pas mal plus facile à vivre.
4. Les philosophes peuvent avoir des « déformations professionnelles » gossantes
Tous les jours ou presque, je suis submergée dans la philosophie. J’analyse des textes complexes, je m’interroge sur chaque terme, je cherche toujours les concepts les plus justes, je m’assure d’avoir une bonne maîtrise de mes concepts. Au quotidien, donc, j’ai tendance à avoir encore ces réflexes. Je suis assez obsédée par trouver le mot juste, au point où c’en est rendu une blague dans mon entourage. Je corrige donc souvent mon partenaire. Ce n’est pas de la méchanceté du tout, mais je réalise que ça peut être tannant. Ça et se transformer en Socrate et ne pas arrêter de poser des « questions de clarification » gossantes.
5. La philosophie, c’est vraiment une vocation
La philosophie, en tout cas à mon avis (car je pense qu’il n’y a pas juste une bonne façon d’en faire), est une réelle vocation. Quand j’ai presque n’importe quelle autre job, je peux revenir chez moi et laisser la job au bureau, pour ainsi dire. Mais la philosophie, c’est un processus qui prend beaucoup de place dans la vie. Il faut gérer le fait que je me réveille tôt et que si j’ai une illumination (comme ça m’arrive souvent le matin), ce n’est pas du tout improbable que j’embarque dans de grosses réflexions et que je m’emballe vraiment beaucoup. Même s’il a pas pris son café. Même si on n’est pas sorti.e.s du lit. Quand ça me prend, il n’y a rien à faire. Heureusement, comme mon copain est aussi en philosophie, il a un certain intérêt pour de tels sujets à la base, mais je suis consciente que ça peut être difficile d’être avec une personne qui ne peut simplement pas départager vie personnelle et vie professionnelle.
Alors voilà! Évidemment, cet article se veut léger : ce n’est pas parce que j’ai une occupation qui est difficile à concilier avec mes relations que je devrais pour autant renoncer à mes rêves et à ma passion. Mais je trouve important d’aborder ces sujets, car c’est en soulevant les problèmes potentiels qu’on peut trouver des solutions et apprendre à mieux vivre l’un.e avec l’autre, comme une équipe.