Une couple de défis : le TDAH et la dysphasie

Nous avons décidé de produire une série de témoignages pour montrer que oui, vivre à deux/plusieurs, ça présente des contraintes et qu’il faut s’adapter.

Dans mon cas, j’ai le même emploi du temps que mon chum, comme j’en ai déjà parlé ici. Pour moi, ce qui a été plus difficile, c’est de m’adapter aux deux diagnostics qu’il a, soit le TDAH et la dysphasie. Le premier est bien connu, mais pour ceux qui ignorent ce qu’est la dysphasie, voici une petite définition : « [C’] est un trouble primaire du langage qui s’exprime par des atteintes, de nature et d’intensité variables, au bon fonctionnement du langage. »*

J’adore mon chum comme il est, dans sa différence, et surtout toutes les qualités de résilience, de persévérance et d’authenticité que celle-ci lui a fait développer. Par contre, je vous mentirais si je disais que tout a toujours bien été, et qu’il était facile pour moi de comprendre et de bien fonctionner avec lui. Voici quelques exemples de contraintes que ses diagnostics ont apportées. 

1. Les demandes complexes sont comprises à moitié
« Peux-tu changer la brassée de linge, arroser la plante et me rapporter un verre d’eau s’il te plaît? »

Il y a de bonnes chances qu’une seule de ces trois demandes soit faite ou bien que je me retrouve avec le panier de linge mouillé sur les genoux et le verre d’eau à côté de la plante déshydratée. Pour que tout se passe bien, il faut juste décortiquer les demandes en lui disant une à la fois.

2. Vaut mieux ne pas être dans la même pièce lorsqu’on fait le ménage
Ça, c’est en partie parce que j’ai de la difficulté à lâcher prise et je pense qu’il n’y a qu’une façon de faire les choses (On a tous.tes nos problèmes, hein?). Il n’a pas du tout la même méthode et elle est à l’opposé de la mienne, ce qui cause de nombreux conflits. Notre solution : faire le ménage en même temps, mais loin l’un de l’autre, comme ça je ne stresse pas avec le plancher qui est à moitié lavé, la vaisselle qui traîne sur les comptoirs propres et lorsque nous avons terminés, tout est bien propre et nous sommes dans un bon état mental.

3. Les émotions sont pratiquement toujours amplifiées
Le TDAH peut entraîner une hyperréactivité, c’est-à-dire que les émotions entraînent des réactions vives et/ou impulsives. C’est difficile, parce que je ne veux pas toujours déclencher ces émotions, et lui aussi se sent mal d’avoir réagi aussi intensément. Pour y remédier, il est attentif à ses réactions physiologiques et il se retire lorsqu’il sent qu’il va exploser.

4. Les intentions de communication sont à préciser
C’est surtout la dysphasie qui cause ce petit problème. Il comprend bien les mots utilisés, le sens de la phrase, mais il arrive qu’il ne parvienne pas à décoder l’intention derrière celle-ci, et qu’il ne voit pas qu’on veut son bien ou simplement l’informer d’une situation. J’essaie alors d’être claire et précise dans ce que je dis, et je l’aide parfois à décoder les intentions des autres.

5. Je dois souvent répéter mes demandes
Pour être certaine qu’il n’oublie pas ou qu’il accomplisse la tâche demandée, j’ai pris l’habitude de répéter souvent. Ça ne me dérange aucunement, d'autant plus que je veux être prof, alors on s’entend que répéter, c’est ce que je fais toute la journée!

En terminant, j’aimerais préciser que je ne me plains pas des conditions de mon chum. Au contraire, je veux montrer que chaque relation à son lot de contraintes et qu’il faut travailler, s’adapter, en parler et trouver des solutions pour faciliter la relation.

* Cette citation provient de ce site : http://cenopfl.com/troubles-apprentissage/dysphasie.php