La question du féminisme ne cesse de soulever des passions. Alors que certaines refusent carrément de s’approprier le terme, d’autres se confondent en argumentaires rigides afin d’en arriver une définition du « véritable » féminisme.
Bien entendu, les mots sont lourds de sens, ils sont politiques. Mais dans un contexte où de nombreux concepts sont ainsi remaniés, repensés et triturés, il est important d’ouvrir les oreilles aux voix qui s’expriment dans leur multiplicité et de se rappeler que le mouvement est d’abord et avant tout celui de femmes en chair et en os.
Comme exercice, j’ai demandé aux auteures de TPL d’exprimer les nuances qu’elles désirent apporter à leur définition du féminisme. Il est important de noter que chaque intervention est positionnée dans la propre situation de privilège (ou d’absence de ceux-ci) de l’auteure et parle des tensions qu’elle vit elle-même au quotidien dans sa propre expérience.
Voici donc certaines des réponses obtenues.
Je suis féministe, même si…
…j’explore le BDSM et que j’apprécie être soumise sexuellement. Le rituel de domination/soumission me plaît dans le contexte d’une relation sexuelle consentante et ça n’affecte en rien mes positions politiques féministes. J’ai le privilège de pouvoir faire ce que je veux de mon corps, et je trouve ça empowering.
… je travaille dans un magasin de cosmétiques et que j’adore me maquiller. Féminisme n’égale PAS makeup-shaming ou slutshaming.
… j’écoute du hip-hop. Parce qu’assumer que le hip-hop et le rap possèdent le monopole de la violence et du sexisme, c’est trash et assez raciste.
… j’approuve que ma fille écoute des films de princesses et Barbie. J’encourage surtout le fait qu’elle puisse avoir ses goûts et faire des choix en fonction de ces derniers. Rose et princesses n’égalent pas anti-féminisme.
… j’aime la mode. Aimer les beaux habits n’a jamais empêché qui que ce soit d’avoir des opinions politiques.
… j’ai parfois besoin de me sentir en sécurité et protégée par les bras d’un homme. Accepter de vouloir se faire consoler ou rassurer ne veut pas dire ne pas être indépendante et forte.
… j’ai des sites Internet populaires. Avoir une voix importante vient avec la responsabilité de pouvoir transmettre des messages importants.
… je n’accepte pas les stéréotypes au sujet des hommes. Pour moi, c’est évident que le féminisme, c’est l’égalité des sexes, mais on dirait que pour certains, il faut absolument que tous les hommes soient des méchants.
… j’accorde encore trop d’importance à ce que je projette/ce que les gens vont penser de moi. Être féministe ne veut pas dire ne pas s’inquiéter de son apparence.
… j’aime le rose et les paillettes. Trop souvent, la neutralité est associée aux symboles traditionnellement masculins et il faut que ça change.
… je veux me marier.
Vivez-vous des tensions face à votre statut de féministe et à certains stéréotypes sur le sujet? On veut les entendre!