Pour lire la première partie de cette série d’articles, cliquez ici.
Dans ma recherche de BD et romans graphiques féministes écrits par des femmes, j’ai décidé cette fois-ci de me concentrer sur des œuvres d’ici. Voici donc trois recommandations écrites par des auteures québécoises.
Les trois carrés de chocolat, par Mélodie Vachon Boucher, 2016, 88 pages
Déjà mentionné et encensé par ma collègue Josiane Stratis, Les trois carrés de chocolat est un roman graphique qui raconte trois agressions sexuelles subies par une narratrice dont on ignore le nom. Comment se remettre de telles violences et recommencer à voir la sexualité comme quelque chose qui peut être doux et sain? Le lecteur accompagne la narratrice sur le chemin de la guérison, qui passe notamment par les trois carrés de chocolat du titre. Il s’agit d’un récit court, mais qui va droit aux tripes. On y constate que, malheureusement, un viol est souvent loin de l’image typique d’un inconnu qui nous attaque dans une ruelle sombre. Néanmoins, comme la narratrice, nous avons tous et toutes une force insoupçonnée en nous et il est possible de réapprendre à faire confiance et de se réapproprier notre corps après un événement traumatique.
La petite suceuse, Tome 1, par D. Mathieu Cassendo, 2016, 71 pages
D’abord parue en partie sur le blogue littéraire Le fil rouge, La petite suceuse est une histoire de vampires nouveau genre. Près de 300 ans dans le futur, le monde est sous la protection d’une petite armée de citoyens aux pouvoirs surhumains nommés Hemagis. Leur mission? Protéger les humains en échange de sang froid en sac dont ils dépendent pour survivre. Toutefois, une Hemagi du nom de Magdalena en a marre de se soumettre au code de conduite imposé par les humains et rêve de boire le sang directement à la source. La petite suceuse est bien plus qu’un récit de vampires traditionnel qui explore les relations vampires/humains : il s’agit aussi d’une critique sociale qui s’en prend, entre autres, au racisme et au sexisme. Par exemple, la méfiance et l’incompréhension de certains citoyens ordinaires envers les Hemagis évoquent parfois la façon dont sont traitées les personnes racisées au Québec. L’auteure a su créer un univers hors du commun avec une mythologie riche, alors j’ai très hâte de voir ce qu’elle nous réserve dans la suite des aventures de Magdalena.
Fines tranches d’angoisse, par Catherine Lepage, 2014, 112 pages
« Parfois, faire un pas en arrière permet de mieux avancer ». Dans ce court livre, à l’aide de collages et de dessins, Catherine Lepage aborde un sujet encore tabou et mal compris : la santé mentale au féminin. L’auteure se confie à nous de façon très intime et introspective sur les sources de son angoisse et de son mal-être, comme l’anxiété de performance et le fait d’évaluer sa valeur à travers le regard des autres. Elle illustre bien le dialogue interne d’une personne vivant avec une maladie mentale qui passe à travers une montagne russe d’émotions : « Est-ce une mauvaise passe ou suis-je en train de vivre une rechute? Pourquoi, malgré mes privilèges, suis-je apparemment incapable d’être heureuse? » Fines tranches d’angoisse est un baume pour le cœur des personnes souffrant d’anxiété ou de dépression et nous rappelle qu’en fin de compte, nous sommes tous humains.
Avez-vous d’autres suggestions de romans graphiques et BD féministes en français? Je vous reviens bientôt avec un autre article contenant des suggestions en anglais cette fois-ci…