Il y a quelques semaines, des femmes de partout aux États-Unis et ailleurs se sont réunies afin de participer à la Women’s March. Elles se sont réunies, car elles avaient un ennemi commun qui mettait leurs droits en danger, Donald Trump. Les femmes se sont outrées, et avec raison, qu’un homme s’étant vanté d’aggriper des femmes par les parties génitales puisse être élu au plus haut poste politique des États-Unis. Dans cet événement, l’intersectionnalité et la solidarité entre femmes étaient sur toutes les lèvres. Il semble toutefois plus difficile d’attirer l’attention sur la dizaine de disparations de femmes majoritairement noires et latinas qui se produit à Washington depuis les deux dernières semaines.
Il me semble particulièrement choquant que si peu de temps après un tel événement, il soit si difficile pour les féministes non noires (que ce soit au Québec ou ailleurs) de parler de ces disparitions lorsque presque une dizaine de femmes sont signalées disparues dans une période de 72 heures.
Ce manque de solidarité vis-à-vis de ces disparations me blesse particulièrement puisque je me rends compte, étant une personne qui milite activement pour les droits des femmes racisées, à quel point nos vies sont jetables pour beaucoup de personnes. Ce silence me rappelle à quel point la négrophobie, particulièrement le misogynoir, et ce, même dans les cercles plus conscients des injustices sociales, est encore trop présente.
Je suis certaine que si une dizaine de femmes blanches disparaissaient dans une période aussi courte, il y aurait déjà des manifestations dans les rues pour demander à tous les paliers de gouvernements d’intervenir pour contrer la violence faite aux femmes, mais pour mes sœurs à la peau noire : rien, que le silence.
Il est temps de faire plus que parler de solidarité et d’intersectionnalité, puisque je comprends aujourd’hui que les paroles ne veulent rien dire. Il est temps de passer à l’action.