J’ai l’air bête, je me protège

J’ai l’air bête. Je ne l’ai pas toujours été. Au contraire, quand j’étais plus jeune, j’étais même assez sympathique. En fait, je voulais tellement que tout le monde m’aime que je donnais l’impression d’aimer tout le monde. Malheureusement, la vie étant ce qu’elle est, j’ai subi beaucoup d’intimidation et j’en suis venue à toujours être méfiante des autres. Plusieurs personnes que je connais ont la belle naïveté d’aimer les autres d’emblée. Dans mon cas, c’est tout le contraire : je n’aime pas au début et l’amour se construit en même temps que la confiance, ce qui peut prendre un bon moment.

Je me fais reprocher régulièrement ce défaut qui, pour moi, est plutôt un mécanisme de défense qui s’est installé à la suite d’une série d’événements fâcheux. Je ne serai pas celle qui va aller vers les autres, je vais plutôt m’installer dans un coin, longeant le mur en analysant les gens. Je me protège. Je ne ressens pas le besoin d’agir autrement et cette façon de faire me sécurise et diminue grandement mon anxiété.

Une fois la glace brisée et le lien établi, je serai celle au milieu de la foule, racontant des anecdotes déplacées et des blagues douteuses. Je ne dis pas que j’hais les gens mais je ne dégage pas autant de chaleur et mon air ne se veut pas trop invitant. J’ai constamment un resting bitch face, pas parce que je suis fâchée, mais simplement parce que je ne souris pas dans le vide. C’est simple non? Je ne pourrais jamais être animatrice de talk show et faire semblant d’être intéressée ; ma face me trahirait.

 

Certains sont bêtes à cause de la gêne ou parce qu’ils ont, comme moi, été tellement blessés par les autres que le sourire est plus rare, mais ô combien plus sincère.