Il y a quelque temps, je vous parlais de privilèges et de l’importance de les reconnaître. Maintenant, j’ai envie de m’attarder sur ce que l’on doit en faire lorsqu’on en prend conscience. Il m’arrive souvent de lire des articles concernant des communautés opprimées de toutes sortes, et ce que je constate presque systématiquement est la désolante section commentaire (eh non, j’ai pas encore réussi à résister à la tentation et à l’esquiver… misère). Chaque fois, des individus s’acharnent à tenter de minimiser le sentiment d’oppression et les embûches que la communauté en question vit. Quand je lis ce type de commentaire, je ne mentirai pas, j’ai sincèrement envie de lancer mon clavier et de leur taper sur la tête.
Cependant, avec un peu de recul et beaucoup d’empathie, j’ai décelé une piste, une hypothèse selon laquelle si autant de personnes avaient cette réaction défensive de refus, c’est qu’ils ne veulent pas accepter que les autres vivent des situations qui leur soient épargnées. Comme si être privilégié était une tare, une faute. Il ne faut pas oublier non plus qu’être privilégié ne veut pas dire qu’on ne rencontre pas de difficultés ou embûches. C’est plutôt comme une course où nous aurions la chance de partir avant les autres : rien ne garantit que nous remporterons la course, mais nous avons drôlement plus de chances que les autres de franchir la ligne d’arrivée en premier.
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Les privilèges, personne ne les choisit. Si vous ne vivez pas de difficultés en raison de caractéristiques hors de votre contrôle, tant mieux. Profitez-en. Vous avez le droit, mais c’est important d’en prendre conscience et d’utiliser cette conscience pour devenir un allié.
Comment être un allié?
Commencez par reconnaître l’oppression des autres. Si vous ne vivez pas une situation quelconque, vous ne pouvez pas savoir ce que les gens qui vivent cette situation ressentent. Légitimisez toujours le vécu d’autrui plutôt que de le minimiser et, ce, même si vous êtes dans le tort. On ne peut pas dire à qui que ce soit que sa colère, sa peine ou sa révolte devant des injustices véritables n’est pas valide. Quand on y pense, c’est une réaction vraiment irrespectueuse à avoir.
Déconstruisez vos préjugés. Tout le monde juge, c’est inévitable. Cependant, plutôt que de vous conforter dans vos opinions négatives, reconnaissez que vous avez peut-être tort, que vous jugez hâtivement puis laissez-vous la chance et l’espace de changer votre vision des choses.
Dès que possible, travaillez à réduire l’écart entre vos privilèges et les autres, ouvrez-leur la porte et les possibilités qui s’y cachent. Vous n’avez pas besoin de militer 24 heures sur 24, mais prendre position lors des débats, partager des articles ou simplement caller out quelqu’un qui opprime. Ça aide.
Laissez les autres parler. Ce conseil peut sembler en contradiction avec le précédent, mais je pense que c’est le plus important. Si vous vous retrouvez dans une situation parmi des gens vivant des difficultés qui vous sont épargnées, laissez-leur de la place. Répondre pour eux ou tenter de les défendre peut être très offensant. Ils ont une voix qui résonne bien trop souvent moins fort que la vôtre, prenez soin de ne pas les enterrer sous vos paroles. Ils ont besoin d’être entendus et soutenus, pas défendus.
Finalement, je tiens à dire que non, ce n’est pas forcément facile à appliquer. Que nous sommes humains et que l’important, c’est d’amorcer le cheminement et de tenter de s’améliorer continuellement.