Aller au contenu
Manger du junk food, c’est cute juste quand t’es mince
Crédit: montage par Elisabeth Gagnon

C’est l’histoire d’une fille. Elle est svelte, parfois menue, parfois filiforme, d’autres fois plus élancée ou même athlétique. Soudainement, elle a faim, très faim. Elle se met alors à manger un hamburger. Une poutine. Un Kraft Dinner. Elle mange en public, sans retenue, sans peur d’être jugée, justement parce qu’elle ne se fait pas juger. Pourquoi devrait-elle l’être d’ailleurs? Elle a faim, elle mange et elle aime ça. Maintenant, reprenons le même scénario; la fille, la poutine, la faim de loup. À une différence près, la fille est plus menue. Elle a des formes, elle est plus en chair, elle est dodue. La jugez-vous? 

La réponse devrait être non car, à la base, personne ne devrait juger ce que mange autrui. Hélas, ce n’est pas toujours le cas. Plusieurs personnes bénéficient en fait du thin privilege : le privilège de pouvoir manger tout ce que l'on veut sans craindre le regard des autres, ou encore celui de ne pas se faire subtilement suggérer de prendre des plus petites portions. C’est là que j’ai réalisé que ma relation avec la bouffe n’est pas perçue de la même manière que celle d'une de mes amies, qui est un peu plus en chair. J’ai toujours été gourmande et, quand je le fais remarquer, les gens trouvent cette qualité (ou ce péché?) plutôt adorable, drôle et même cool
 

Hamburger
Crédit : Giphy
 

L’idéalisation de la fille mince qui aime manger (et on parle de manger mal, il n’est pas question de smoothies aux épinards ici) est ancrée dans notre société. Gilmore Girls nous l’a démontré plus que pas assez avec l’incroyable quantité de bouffe ingérée par Lorelaï et Rory, alors que la fine silhouette de ces deux héroïnes ne change jamais.

Jennifer Lawrence ne manque pas de nous rappeler sa dépendance excessive aux frites et à la pizza chaque fois qu’elle se retrouve face aux caméras sur le tapis rouge. Maripier Morin s’évertue à dire qu’elle se tient loin de tout ce qui peut être santé lorsqu’elle parle de sa diète. Comme si c’était mal d’avouer manger parfois quelques légumes verts.
 

Pizza
Crédit : Giphy

Pourtant, quand les femmes qui mangent sont plus enrobées, elles se font vite rappeler qu’elles ne s’aident pas, qu’elles devraient faire attention ou, encore, qu’elles encouragent un mode de vie malsain. Cette dernière remarque revient beaucoup trop souvent, d’ailleurs. Combien de fois j’ai lu des commentaires vides de sens sur Facebook justifier le fat-shaming en jouant la carte de « manger de la scrap donne un mauvais exemple! ». Niaisez-moi donc.

Corrigez-moi si je me trompe, mais la malbouffe, ce n’est pas sain pour la santé de personne. Même pour les filles qui sont minces. Pourquoi Gilmore Girls n’a pas été boycotté pour avoir fait la promotion de la malbouffe de façon abusive durant sept saisons? Pourquoi Cara Delevingne se fait plus souvent aduler par sa mauvaise nutrition qu’elle se le fait reprocher? Pourquoi c'est correct de voir Chrissy Teigen s'empiffrer d'ailes de poulet, mais c'est inacceptable quand c'est Kelly Clarkson qui le fait?

Cara Delevingne
Crédit : Giphy

Je ne veux pas lancer la pierre aux filles menues qui aiment manger et je n’ai rien contre la malbouffe, au contraire (#PassionPoutine). C’est même agréable de savoir qu'une fille comme Véronique Cloutier se permet de manger une poutine ou des cupcakes et ne sombre pas dans la restriction alimentaire. À la base, le fait de ne pas se cacher pour manger ce qu’on désire, sans se sentir mal et sans s’excuser à personne, c’est plutôt awesome.

Ce qui est déplorable, c’est que la minute que la personne mangeant une plus grande quantité de bouffe se trouve à être plus en chair que la moyenne, elle s'expose au regard désapprobateur des autres. Tout à coup, #LesGens s’improvisent médecins ou nutritionnistes pour justifier leur jugement et leur malaise. Honnêtement, j’aimerais bien comprendre d’où vient ce besoin de juger, cet inconfort face au poids et à la diète des gens plus en chair, ce besoin soudain de devenir justicier de la santé. Pourquoi fat-shamer une fille ronde qui mange un sac de chips et, en même temps, glorifier une fille mince qui mange un Big Mac? Allô, le double discours.

Ce ne serait pas plus simple de seulement arrêter de commenter ce que le monde mange? C’est juste tellement pas de nos affaires. #PassionMêleToiDoncDeTesOignons

Plus de contenu