Ça ne fait pas si longtemps que Carla Beauvais est allée sur le plateau de l’émission Tout le monde en parle pour déplorer le manque de diversité sur la scène culturelle québécoise. C’est à ce moment que ça m’a vraiment frappée. Je vais arrêter de me mentir, le Québec est beige. Ce débat va au-delà du « blanc vs noir », je le qualifie plutôt de « beige vs toutes les autres teintes ». J’ai l’impression que nos artistes sont comme un sofa, réconfortants et confortables. Pourquoi changer un vieux divan quand ça fait dix ans que je suis assise dedans et que je suis bien?
Je fais un peu ce même parallèle avec nos vedettes. Je ne dis pas que je ne les aime pas, mais je commence à être tannée que le Québec repose uniquement sur les épaules de Marie-Mai et Guylaine Tremblay (on a rien contre elles, c’est juste qu’on les voit vraiment souvent). Des fois, changer la housse de notre vieux sofa, ça met plus de vie dans le salon, non?
Je suis née d’un père grec et d’une mère ontarienne, et je suis née au Québec. Je suis représentée par qui, moi? J’ai la shape d’une poire, une pilosité foncée et un anneau dans le nez, j’ai qui comme modèle de femme québécoise?
En me fiant aux couvertures de nos magazines, je suis mieux de me teindre en châtain et de porter de beaux jeans sans plis pour me fondre dans le moule. Pourtant, je vois plein de femmes de différentes cultures qui sont toutes aussi inspirantes. Pourquoi ne sont-elles pas plus visibles médiatiquement parlant? J’ai envie de saveurs, de couleurs, de piquant. Je veux plus de Safia Nolin, de Rebecca Makonnen, de jumelles Stratis, de Tamy Emma Pépin, de Kim Thuy et j’en passe. That’s what I want.
Ça fait des années qu’on parle de l’importance de la diversité corporelle, mais on oublie que la peau et sa couleur, ses teintes, font partie du corps comme le reste. Je suis tannée de voir les mêmes représentant des minorités visibles (ou invisibles si vous me posez la question). Il est grand temps que nos médias commencent par nous montrer une représentation plus adéquate de la réalité du Québec francophone.
Quand j’étais plus petite, ça me faisait rire d’aller voir ma famille grecque dans Parc-Ex et de voir le nombre d’antennes pour regarder la télé. Maintenant, disons que je comprends le détachement des québécois pas de souche de la télé et des médias d’ici. Nous ne sommes nulle part. Je rêve d’un jour où ce ne sera plus un statement de montrer une vraie diversité culturelle. Que ce sera pas trendy, mais juste correct. Que je vais me reconnaître aussi dans les personnes présentes et qu’on ne blanchira plus les femmes pour qu’elles fittent dans le beige ambiant.
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