Nous avons beaucoup entendu parler de cette histoire dans l’actualité : la blague de mauvais goût de Mike Ward à l’endroit de Jérémy Gabriel. Mercredi, la Commission des droits de la personne a rendu sa décision : Mike Ward devra payer 35 000 $ à Jérémy Gabriel. D’entrée de jeu, je tiens à préciser que je ne souhaite pas prendre la défense de Mike Ward ou prendre position sur la situation. Je souhaite plutôt vous parler de ce qu’a soulevé, à mes yeux, cette saga judiciaire : l’utilisation de causes quand ça arrange.
Je trouve toute la situation incroyablement hypocrite. Je lis tous ces gens qui s’indignent sur des blagues (franchement déplacées, je l’accorde), qui descendent un personnage public au nom du sacrosaint « politically correct » avec la même violence qu’ils reprochent à l’humoriste, en fait. Je ne tomberai pas dans la moralité, mais il y a toujours deux côtés à une médaille.
Revenons à l’hypocrisie. Je me questionne vraiment sur la facilité à prendre parti pour une cause lorsque celle-ci est en vogue et la mettre de côté aussitôt la poussière de popularité de ladite cause retombée. Je me questionne sur la pertinence de partager son indignation personnelle lorsque c’est cool de le faire, mais lorsque nous sommes témoins d’une injustice devant nos yeux, nous détournons la tête et ne prenons pas les actions à la hauteur de nos belles paroles.
Ma petite sœur est handicapée. Je suis sensibilisée à la réalité des personnes handicapées, depuis plusieurs années, et je connais la stigmatisation dont ils font les frais. Cette stigmatisation est sournoise, insidieuse et extrêmement souffrante. C’est ce soupir exaspéré de la dame derrière nous à la caisse, quand ma petite sœur compte attentivement les sous qu’elle doit donner, mais cette même dame qui est DONC indignée par la blague de Mike Ward. Ce sont ces jeunes filles de l’école secondaire qui se moquent d’elle, mais que « hey sérieux, Mike Ward, il a trop abusé avec sa blague, là. Il chante même pas SI mal, le p’tit Jérémy ». C’est ce parent qui ne veut pas que ma petite sœur joue avec ses enfants parce qu’il se dit qu’elle peut les blesser, « on ne sait jamais, t’sais », mais qui partage un article qui bash Mike Ward parce que ce n’est pas correct, se moquer d’un handicapé.
Pourquoi embrassons-nous des causes quand c’est trendy, mais les reléguons aux oubliettes dès que l’actualité a fini de ronger l’os qui lui a été tendu? Les personnes handicapées sont handicapées tout le temps, pas seulement quand le spotlight de l’actualité est tourné vers eux. Je suis un peu fatiguée de cet opportunisme et cette hypocrisie.
J’aimerais juste voir plus de cohérence dans les messages que nous envoyons. Pourquoi faire si grand cas D’UNE histoire, alors que des milliers d’handicapés mentaux et physiques anonymes souffrent d’un manque important de ressources gouvernementales et sont victimes, CHAQUE JOUR, de moqueries cruelles? Pourquoi bien paraître sur l’écran d’ordinateur, mais oublier nos grands principes virtuels dans le day-to-day?
J’aimerais juste que nous ayons tous plus de cohésion. Avoir une couverture médiatique canadienne des jeux paralympiques, par exemple (aucune émission spéciale ni de résumé de la journée). Si les médias couvrent autant un sujet chaud impliquant un handicapé, peuvent-ils en faire autant des prouesses d’êtres humains qui se dépassent quotidiennement? Est-ce possible d’avoir un système qui supporte et inclut les personnes handicapées aussi efficacement et rapidement qu’il a condamné un homme qui s’est moqué d’un handicapé?
Lorsque je soutiens une cause, je la supporte entièrement, pas parce que ça va être cool de faire un statut là-dessus. Bref, à l’ère des réseaux sociaux, je crois que nous devons faire attention à notre intégrité et aux dérives médiatiques.
Que pensez-vous du soutien de causes via les réseaux sociaux et les couvertures médiatiques?