Salut très chers humains, ces derniers temps je trouve que l’humour au Québec vieillit mal en maudit. Évidemment, l’histoire de Livia Dallaire n’a pas aidé à conserver le peu d’estime qu’il me restait envers les émissions d’humour grand public.
Cette choquante péripétie m’a rappelé ma propre expérience avec l’humour douteux de Juste pour rire. Il y a trois ans, je marchais dans le centre-ville de Montréal quand Jérémy Demay m’a arrêtée pour un vox pop. Nice, j’vais passer à la télé que j’me disais. J’ai signé les fameux papiers de consentement avant les questions.
« Coucherais-tu plus avec Mike Ward ou avec Claude Legault? », « Quelle est ta position préférée au lit? » Osti. J’avais la face tellement rouge que les voitures s'arrêtaient en pensant que j’étais un Stop.
Bien que j’aie judicieusement contourné toutes les questions avec des jokes pis la voix qui shake un peu, je trouvais ça cheap en maudit pis encore aujourd’hui je cherche ce qui était drôle là-dedans. Je ne m’attendais pas à ça. Je ne savais pas que malgré ma signature je pouvais demander qu’ils ne diffusent pas les images avec ma face écarlate. Ils ne le disent pas ça, je l’ai su en lisant au sujet de l’histoire de Livia Dallaire. Résultat, je suis partie en priant pour que ma grand-mère ne voie jamais ça.
Mais la polémique ne doit pas tourner qu’autour des papiers de consentement. Ça, c’est résolu : on peut se désister. Écoutez les gens, le problème est plus grand que ça. C’est le syndrome du mononcle qui s’pense drôle. T’sais il y a toujours un p’tit monsieur un peu beaucoup saoul qui lâche des jokes grivoises dans les party de job ? On le trouve désagréable, mais au début on sourit parce qu’on a du savoir-vivre. À la fin d’la soirée, la patience est moins là. Juste pour rire est rendu à la fin de sa soirée. S’il ne change pas, on ne l’écoutera plus.
En fait, c’est l’humour au Québec en général qui feel pas bien. Il ne sait pas trop comment dealer avec le changement de mentalité, avec la voix portante des gens pas contents.
Le débat qui a éclaté à la suite de l’affaire Ward Nantel est la preuve évidente que ça va pas. Je vous avoue que je ne savais plus où me placer. D’un côté, les humoristes ne devraient pas avoir peur de faire leur métier, mais d’un autre, on ne peut pas militer pour la liberté d’expression en insultant les gens qui commentent leur désarroi en utilisant justement leur liberté d’expression!
Si le peuple ne s’était pas fâché lors du siècle passé, nous serions encore gouvernés par l’Église pis les blagues racistes seraient acceptables. On battrait les enfants et il y en aurait en maudit, des enfants, parce que l’avortement serait illégal et la pilule, oublie ça. Donc oui, les gens ont le droit d’être difficiles et de critiquer ce qui se passe dans leur écran.
Cette année, je travaillais dans une salle de spectacle et ça m’a permis de mieux connaître des humoristes que je n’aurais jamais été tentée de payer pour aller les voir. C’est comme ça que j’ai pu voir l’ampleur du syndrome du mononcle. Le plus atteint était, selon moi, le très sympathique Sugar Sammy qui a dit pendant son show que toutes les femmes étaient des folles. Thanks le gros (je parle son langage pour qu’il me comprenne, mais peu importe, j’suis juste une folle).
Certains humoristes oublient qu'ils sont des artistes. Ils écrivent dans le but de plaire au public, ce n’est pas ça la définition de l’art. Ils font des blagues discriminatoires qui passent super bien au sein d’un public blanc, hétérosexuel qui trouve que les féministes sont juste une gang de folles.
Mais il y a moyen de faire de l’humour sans opprimer. Like moi, Les Brutes, Les Appendices sont drôles je trouve. Mariana Mazza aussi me fait rire en maudit. Hey c’est drôle, ceux que je viens de nommer incluent des femmes! Ah ben. Peut-être que le monde de l’humour a besoin de se rappeler que les femmes et que les minorités font aussi partie de leur public.
Pensez-vous que l’humour québécois est atteint du syndrome du mononcle pervers? Connaissez-vous le remède?