Aller au contenu
Et si c’était pas « juste pour rire » ?
Crédit: Unsplash/Pixabay

Je ne sais pas si vous êtes habituée à avoir peur, mais moi oui. Avant d’habiter à Verdun, puis dans le Mile-End, j’ai passé plus de quatre ans dans le coin du Plateau et du centre-ville. Chacun de mes apparts était près d’un métro, à disons maximum cinq minutes de marche. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis fait suivre, pendant que je tenais mes clés dans mes mains comme une arme de défense. Ça, c’est juste la pointe de l’iceberg, même si ça a l’air déjà intense.
 
Autre exemple, celui-là beaucoup plus banal. Banal dans le sens de la peur. Je me stationne dans le Vieux-Montréal mardi midi. Il y a de la construction partout en vue des festivités du 375e,, mais je connais mes spots. Je sors habillée en short et en t-shirt Adidas oversize. Première chose qu’on me crie, c’est que j’ai un nice cul. Je me suis juste tournée pour faire un fuck you.
 
J’ajoute à ça toutes les fois que je me suis fait engueuler dans un bar parce que je ne voulais pas me faire cruiser. Le fait de me faire pogner le cul dans le métro. Le fait de me faire crier des choses chaque fois que je marche à peu près. Le fait aussi de devoir vivre constamment avec la peur de me faire agresser, toucher par des inconnus. Pis, je n’ai pas choisi le mot « agresser » pour le fun.
 
Ce qui s’est passé avec la dénonciation de Livia Dallaire cette semaine, c’est la preuve que la peur d’être agressée n’est prise au sérieux par personne. En plus de transformer le tout en gag douteux, on minimise l’affaire. En plus de faire comme si elle était seulement trop sensible, on interprète sa dénonciation sur Facebook comme le féminisme qui va trop loin.
 
Mais non, la gang, ça ne va pas trop loin. Je vous ai vu pendant mes vacances faire des grandes déclarations sur les réseaux sociaux pour défendre la sacro-sainte liberté d’expression. Mais si une fille refuse de trouver drôle le fait que chaque jour, des femmes sont abordées cavalièrement seulement sous prétexte qu’elles ont une apparence de femme, ben là, le féminisme va pas trop loin.
 
Ce n’est pas le féminisme qui va trop loin, c’est les agressions qui sont faites chaque jour qui font que ça ne marche pas, le gag.
 
Ce n’est pas « juste pour rire » qu’une fille capote après s’être fait aborder de manière agressive.
 
Je veux dire guys, si vous avez tant le goût de vous mettre, faites un petit tour sur Internet, il y a des ressources pour vous crosser en paix. Pis laissez-nous tranquilles.
 
Je pense aussi que les différents producteurs de contenus jouent un rôle primordial dans cette affaire. Il faudrait arrêter de montrer des situations pareilles comme « vraiment drôles ». Le fait d’en rire améliore fuck all les choses. Sans ces blagues-là, nos vies seraient bien différentes, en tant que femmes. 

Plus de contenu